Le 20 janvier 1942, quinze hauts fonctionnaires du parti nazi et de l'administration allemande se réunirent dans une villa de Wannsee, dans la banlieue de Berlin, pour discuter de la mise en œuvre de ce qu'ils appelèrent "la Solution finale à la question juive".

Les environs de Berlin, 1942

Les représentants de la SS à cette réunion étaient le Général SS Reinhard Heydrich, directeur de l'Office central de sécurité du Reich (Reichssicherheitshauptamt-RSHA) et un des principaux adjoints du SS-Reichführer Heinrich Himmler ; le général SS Heinrich Müller, chef de la division IV de la RSHA (la Gestapo) ; le lieutenant colonel SS Adolf Eichmann, chef de la division IV B4 de la RSHA (les questions juives) ; le colonel SS Eberhard Schöngarth, commandant à Cracovie de la RSHA pour le gouvernement général de Pologne ; le major SS Rudolf Lange, commandant des Einsatzkommando 2 du RSHA déployé en Lettonie à l'automne 1941 ; le major général SS Otto Hofmann, chef du bureau central pour la race et le peuplement (RuSHA).

Reinhard Heydrich, chef de la SD (Service de sécurité) et gouverneur nazi de la Bohème et de la Moravie.

Les représentants des institutions étatiques étaient : le secrétaire d'Etat Roland Freisler (ministère de la Justice) ; le directeur ministériel à la chancellerie du Reich, Wilhelm Kritzinger ; le Secrétaire d'Etat Alfred Meyer (Ministère du Reich aux territoires occupés de l'Est — territoires de l'URSS occupés par l'Allemagne) ; le directeur ministériel Georg Leibrandt (Ministère du Reich aux territoires occupés de l'Est ) ; le Secrétaire d'Etat Martin Luther (ministère des Affaires étrangères) ; le secrétaire d'Etat Wilhelm Stuckart (ministère de l'Intérieur) ; le secrétaire d'Etat Erich Naumann (Bureau du plénipotentiaire pour le plan quadriennal) ; le secrétaire d'Etat Josef Bühler (Gouverneur adjoint du gouvernement général - Pologne occupée) ; et le Secrétaire d'Etat à la chancellerie du parti nazi Gerhard Klopfer. La "Solution finale" fut le nom de code nazi pour l'extermination physique systématique et délibérée des Juifs européens. En 1941, à un moment encore indéterminé, Hitler autorisa ce plan de massacre de masse des Juifs d'Europe. Heydrich convoqua la conférence de Wannsee pour (1) informer les participants et s'assurer de leur soutien dans la mise en œuvre de la "Solution finale" et (2) annoncer qu'Hitler lui même l'avait chargé, ainsi que le RSHA, de la coordination de l'opération. Les hommes réunis autour de la table ne délibérèrent pas du bien fondé d'un tel plan, mais parlèrent des modalités d'application d'une décision déjà prise au plus haut niveau du régime nazi.

Lors de la Conférence de Wannsee, la plupart des participants savaient déjà que le régime nazi s'était engagé dans des meurtres de masse de Juifs et d'autres civils dans les régions d'Union soviétique occupées par l'Allemagne et en Serbie. Certains étaient au courant que les Einsatzgruppen, ainsi que d'autres unités de la police et de l'armée, avaient déjà massacré des dizaines de milliers de Juifs en Union soviétique occupée. D'autres savaient que des unités de l'armée allemande, la SS et la police tuaient des Juifs en Serbie. Aucun des responsables présents à la réunion ne souleva d'objection à la politique de solution finale annoncée par Heydrich. Les représentants des forces armées allemandes (Wehrmacht) ou des chemins de fer du Reich (Reichsbahn) n'étaient pas présents. Au printemps 1941, avant l'invasion de l'Union Soviétique, les SS et la police avaient déjà conclu des accords avec le Haut Commandement de l'armée allemande sur les meurtres de civils, y compris de Juifs soviétiques. Fin septembre 1941, Hitler avait autorisé les chemins de fer du Reich à déporter des Juifs allemands, autrichiens et tchèques en Pologne et en Union soviétique occupées, où la grande majorité d'entre eux serait tuée par les autorités allemandes.

Les principales déportations vers les camps d'extermination, 1942-1944

Heydrich annonça que la "Solution finale" concernerait environ 11 millions de Juifs en Europe. Il ajoutait ainsi, aux Juifs résidant dans les pays européens contrôlés par l'Axe, les populations juives du Royaume-Uni et des nations neutres (Suisse, Irlande, Suède, Espagne, Portugal et la partie européenne de la Turquie). Pour les Juifs résidant dans le Reich grand-allemand et qui gardaient le statut de sujets de l'Empire allemand, les lois de Nuremberg serviraient de base pour déterminer qui était juif.

Entrée principale du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.

Heydrich annonça que "Au cours de la solution finale, les Juifs devront être mobilisés pour le travail sous une forme appropriée avec l'encadrement voulu à l'Est. En grandes colonnes de travailleurs, séparés par sexe, les Juifs aptes au travail seront amenés à construire des routes dans ces territoires, ce qui sans doute permettra une diminution naturelle substantielle de leur nombre.

Pour finir, il faudra appliquer un traitement approprié à la totalité de ceux qui resteront, car il s'agira évidemment des éléments les plus résistants, puisque issus d'une sélection naturelle, et qui seraient susceptibles d'être le germe d'une nouvelle souche juive, pour peu qu'on les laisse en liberté".