Les Juifs formaient l'un des quatre groupes ciblés et persécutés dans l'Allemagne nazie et l'Europe qu'elle dominait.

Groupes ciblés pour raisons raciales

Si l'idéologie nazie considérait les Juifs comme cible principale et ennemis de l'Allemagne, elle ciblait également les Tsiganes en fonction de motifs raciaux. Les lois de Nuremberg de 1935 (qui caractérisaient les Juifs selon leur sang) s'appliquèrent à eux aussi. S'inspirant de préjugés bien ancrés dans la société allemande, définis racialement, les Nazis les qualifiaient de « rétifs au travail » et d'« asociaux », avec une tendance héréditaire à la petite délinquance. Parmi les premières victimes des camions à gaz mobile du centre de mise à mort de Chelmno, dans la Pologne occupée au début de 1942, se trouvaient des Tsiganes déportés du Grand Reich allemand vers le ghetto de Lodz. Plus de 20 000 d'entre eux furent emmenés au camp d'Auschwitz-Birkenau, et presque tous périrent dans les chambres à gaz.

Dans les territoires occupés de l'Union soviétique, l'armée allemande et la police SS fusillèrent des dizaines de milliers de Tsiganes, souvent pour des raisons fabriquées de toutes pièces selon lesquelles ils étaient des espions pour le compte des autorités soviétiques. Deux partenaires de l'Axe procédèrent également à des meurtres de masse : dans l'État fantoche de Croatie, les autorités assassinèrent environ 25 000 Tsiganes, nombre d'entre eux dans le complexe concentrationnaire de Jasenovac. Et en Roumanie, ce sont entre 13 000 et 36 000 d'entre eux qui furent exterminés par le gouvernement du général Ion Antonescu, dans le pays même et en Transnistrie.

Les Nazis considéraient les Polonais, les Slaves et les peuples dits « asiatiques » de l'Union soviétique comme racialement inférieurs, et les destinaient à être assujettis et soumis aux travaux forcés. Ils mirent en place une politique d'annihilation physique des élites politiques, intellectuelles et culturelles d'Union soviétique et de Pologne. C'est là que les autorités d'occupation assassinèrent des dizaines de milliers d'intellectuels, membres des classes supérieures et prêtres catholiques, dans l'opération connue sous le nom de Ausserordentliche Befriedungsaktion (Action-AB, ou Action extraordinaire de pacification). Le 6 juin 1941, l'« ordre sur les commissaires », issu de l'armée allemande, appelait à l'exécution de tous les commissaires politiques de l'armée rouge dès leur capture. Puis la SS et la police allemandes furent sommées d'éliminer tous les responsables de l'État soviétique d'un certain rang et du parti communiste.

Au cours de l'automne et de l'hiver de 1941-1942, les autorités militaires et la police de sécurité allemandes menèrent conjointement une entreprise raciste d'extermination massive des prisonniers de guerre soviétique : des Juifs, des personnes aux « traits asiatiques » ainsi que d'importants chefs politiques et militaires furent sélectionnés et fusillés. Environ trois millions d'autres furent détenus dans des camps improvisés, sans infrastructure convenable, nourriture, ni médicaments, et ce dans l'intention délibérée de les faire mourir. Cet hiver-là deux millions de soldats soviétiques périrent en raison de cette négligence criminelle. Même quand les Allemands décidèrent d'en maintenir en vie pour les utiliser comme main-d'œuvre, il n'était pas rare qu'ils soient incarcérés dans des conditions bien plus pénibles — souvent dans des camps de concentration — que tout autre groupe de prisonniers de guerre.

Soutenus par de fervents partisans au sein des services sanitaires et sociaux, les Nazis considéraient les personnes en institutions dont le handicap était prétendument congénital comme une menace à la « pureté génétique » de la « race des seigneurs » allemande. Les dirigeants tenaient absolument à exploiter la guerre pour mener à bien l'annihilation physique de ces handicapés vivant dans des établissements mais considérés comme incapables de travailler.

La législation adoptée dans les années 1930 comprenait l'identification des personnes considérées comme des « bouches inutiles » au sein d'institutions partout en Allemagne. À la chancellerie privée d'Hitler, qui travaillait avec le ministère de la Santé et la police criminelle, on mit alors en place trois opérations de massacre. Elles étaient désignées communément sous le terme d'« euthanasie », et furent toutes appliquées pendant la guerre :

  1. Entre 5000 et 7000 enfants handicapés en bas âge placés en institution furent assassinés dans toute l'Allemagne et l'Autriche
  2. Dans le cadre de l'« Aktion T4 » (d'après l'adresse de la chancellerie à Berlin, Tiergartenstraße 4), 70 000 adultes placés dans des institutions furent emmenés dans six centres de mise à mort et assassinés. (Une autre opération, dite 14f13, consistait à gazer dans des centres d'euthanasie des prisonniers de camps de concentration malades ou épuisés.)
  3. Dans la seconde phase du programme, entre 1942 et 1945, environ 173 000 adultes handicapés placés en institutions furent éliminés, et ce dans toute la Grande Allemagne. Ils moururent d'inanition ou bien par overdose de médicament.

Les autres groupes persécutés

Le régime nazi persécuta et assassina d'autres groupes.

Parmi les premières victimes de discrimination et de persécution de l'Allemagne nazie se trouvaient les opposants politiques, principalement les communistes, les socialistes, les socio-démocrates et les chefs de syndicats. D'autres personnes visées étaient les auteurs et les artistes dont les œuvres étaient considérées comme subversives ou bien qui étaient juifs. En 1933-34, le gouvernement central allemand, accompagné de divers gouvernements locaux et de bataillons SA (Sturmabteilungen, sections d'assaut) et SS (Schutzstaffel, escouades de protection) établirent des camps de concentration dans tout le pays pour y détenir les prisonniers politiques. À cette époque, c'est la SS qui centralisait et contrôlait tout le système concentrationnaire et qui avait mis en place le premier camp, Dachau, en mars 1933.

Les Allemands persécutaient, incarcéraient et tuaient tout opposant politique au régime, réel ou présumé, dans le pays. Ceci concernait le clergé catholique et luthérien, ainsi que quiconque soupçonné d'activités de résistance dans l'Europe occupée. Certaines opérations dites anti-partisanes, particulièrement dans l'Union soviétique occupée, représentaient de fait l'effort de vider les campagnes. Les Allemands massacrèrent des civils dans leurs villages par centaines de milliers, voire par millions. La vaste majorité de ces victimes n'avaient pratiquement pas de relations — voire aucune — avec la résistance.

Les Nazis ciblèrent également les Témoins de Jéhovah qui refusaient de prêter serment au régime ou de faire leur service militaire. Environ 3000 d'entre eux furent incarcérés en camp de concentration, dont près d'un tiers y périt, et 250 furent exécutés après avoir été condamnés par un tribunal militaire. Par ailleurs, les hommes homosexuels furent persécutés pour manquement à leur devoir d'expansion de la race allemande, et pour leur influence prétendument corruptrice. Des dizaines de milliers d'entre eux furent inculpés pour actes ou comportements homosexuels présumés. Ceux qui n'étaient pas condamnés, ou qui étaient raflés par la Gestapo (la police secrète d'État) après avoir purgé leur peine, étaient emprisonnés dans des camps de concentration. Ils furent des centaines, peut-être des milliers, à y mourir.

Enfin, la police criminelle allemande arrêta et incarcéra en camp de concentration des dizaines de milliers de personnes dites « asociales », ainsi que des récidivistes, réels ou présumés, même s'ils n'avaient commis aucun autre crime ou infraction. Des milliers d'entre eux, asociaux et prisonniers « criminels », furent assassinés dans les camps.