Dissuadés par l'indifférence, l'antisémitisme et la peur, relativement peu de gens ont sauvé des Juifs dans l'Europe occupée par les Allemands au cours de l'Holocauste.

Parmi ceux qui ont risqué la prison, parfois la mort, pour venir à leur secours se trouvent des membres du clergé. En effet, grâce à eux, des milliers d'enfants juifs furent cachés dans des institutions religieuses ou dans des familles. C'est le cas de Père Bruno, un moine bénédictin, qui sauva plus de 300 Juifs en Belgique. En France, les pasteurs protestants André Trocmé et Édouard Theis s'organisèrent avec des villageois pour offrir un abri à des milliers de victimes dans la commune de Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) et ses alentours.

Tout aussi remarquables sont les interventions de Père Jacques de Jésus (né Lucien Bunel en 1900), un prêtre carme, directeur du Petit collège Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus (Avon, Seine-et-Marne). Contrarié par la politique nazie, il fit de son établissement un refuge pour les jeunes qui tentaient d'échapper aux travaux forcés en Allemagne et pour les Juifs. En janvier 1943, il y inscrivit trois garçons juifs — Hans-Helmut Michel, Jacques-France Halpern, et Maurice Schlosser— sous de faux noms, et en engagea un autre, Maurice Bas, pour travailler dans l'école. Il cacha le père de Maurice Schlosser chez un habitant du village et offrit un poste au sein de l'institution au botaniste de renom Lucien Weil, Juif lui aussi.

Le 15 janvier 1944, la Gestapo, qui avait eu vent de ses activités,  arrêta le père carme et les trois élèves. Lucien Weil, sa mère et sa sœur furent appréhendés à leur domicile le même jour. Ils furent tous déportés à Auschwitz le 3 février et y moururent. Le Père Jacques fut emprisonné dans plusieurs camps nazis avant d'être libéré par les troupes américaines à Mauthausen au début de mai 1945. Atteint de tuberculose et pesant à peine 35 kilos, il décéda quelques semaines plus tard.

En 1985, Yad Vashem, l'Institut international pour la mémoire de la Shoah reconnut le Père Jacques comme Juste parmi les nations à titre posthume. Deux ans plus tard, le réalisateur Louis Malle rendit hommage au directeur du Petit Collège d'Avon dans son film « Au revoir les enfants ».