
Les expériences médicales nazies
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des médecins allemands mènent des expériences douloureuses et souvent mortelles sur des milliers de détenus des camps de concentration, sans leur permission. Compte tenu des conditions inhumaines dans lesquelles elles ont lieu, de l’absence de consentement et des méthodes de recherche douteuses, les scientifiques d’aujourd’hui, dans leur grande majorité, en rejettent les résultats.
Points de repère
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De nombreux médecins et scientifiques allemands prônaient déjà les idées d’une hygiène raciale avant l’arrivée des Nazis au pouvoir. À partir de 1933, ils n’hésitent pas à accorder une large place à la biologie et à l’hérédité que privilégie le régime, et accueillent les nouveaux débouchés professionnels et financements de recherche.
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Les expériences se concentrent autour de trois sujets : la survie du personnel militaire, les tests de médicaments et de traitements, et l’avancée des objectifs raciaux et idéologiques nazis.
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Après la guerre, seuls quelques experts en biomédecine qui ont aidé les Nazis dans leurs efforts de mener et de légitimer leurs politiques raciales et hygiénistes sont mis en examen ou punis dans le cadre de leur travail. Nombre d’entre eux ont poursuivi leur carrière.
Le rôle de la profession médicale
De 1933 à 1945, l’Allemagne nazie a entrepris une campagne de « purification » de la société allemande afin d’en éliminer les individus considérés comme une menace biologique à la « santé » de la nation. Les Nazis sollicitèrent l’aide de médecins ainsi que de généticiens, psychiatre et anthropologue formés en médecine dans le but de mettre au point une politique raciale de santé. Celle-ci a commencé par la stérilisation de masse dans les hôpitaux et d’autres institutions, pour aboutir à l’annihilation presque totale des Juifs d’Europe.
Les expériences médicales dans le Troisième Reich
Des expériences médicales contraires à toute éthique (sans consentement ni aucune protection) se déroulèrent tout au long du Troisième Reich. On peut les diviser en trois catégories :
1. Les expériences liées à la survie du personnel militaire
De nombreuses expériences dans les camps visaient à faciliter la survie du personnel militaire de l’Axe sur le terrain. Par exemple, à Dachau, des médecins de l'armée de l'air allemande et de l'Institut expérimental allemand pour l'aviation se servirent de prisonniers pour mener des expériences sur la haute altitude. À l’aide d’une chambre à basse pression, ils pouvaient déterminer l'altitude maximale à laquelle les équipages d’avions endommagés pouvaient se parachuter. D'autres chercheurs conduisirent des expériences dites de congélation, où ils utilisaient des prisonniers pour trouver un traitement efficace contre l'hypothermie. D’autres consistaient à tester différentes méthodes sur des détenus pour rendre l'eau de mer potable.
2. Les expériences pour tester des médicaments et des traitements
Celles-ci visaient à mettre au point et à tester des médicaments et des méthodes de traitement de blessures et de maladies que les soldats allemands pouvaient subir ou contracter au combat. Dans les camps de concentration allemands de Sachsenhausen, Dachau, Natzweiler-Struthof, Buchenwald et Neuengamme, des chercheurs testèrent sur les détenus des composés vaccinaux et des sérums pour la prévention et le traitement de maladies contagieuses telles que le paludisme, le typhus, la tuberculose, la fièvre typhoïde, la fièvre jaune et l'hépatite. Au camp de Ravensbrück furent pratiquées des greffes d'os et des expériences en vue de tester l'efficacité de médicaments nouvellement développés à base de sulfamides (sulfanilamide). À Natzweiler et à Sachsenhausen, les prisonniers furent soumis aux effets du phosgène et du gaz moutarde pour tester de possibles antidotes.
3. Les expériences pour l’avancée des objectifs raciaux et idéologiques nazis
Cette troisième catégorie d'expériences médicales était censée confirmer les dogmes racistes et idéologiques de la conception du monde nazie. Les plus tristement célèbres furent celles que Josef Mengele mena à Auschwitz sur des jumeaux de tous âges. Il réalisa également, comme Werner Fischer à Sachsenhausen, des expériences sur les Roms (Tsiganes) afin de déterminer comment les différentes « races » résistaient à diverses maladies contagieuses. De même, les recherches d’August Hirt à l'Université de Strasbourg cherchaient à établir « l'infériorité raciale juive ». Parmi les autres expériences épouvantables visant à promouvoir les objectifs raciaux des nazis, il faut citer aussi la stérilisation, principalement aux camps d'Auschwitz et Ravensbrück. Les chercheurs nazis y testèrent différentes méthodes pour trouver une procédure efficace et peu coûteuse de stérilisation de masse des Juifs, des Roms et des autres groupes que les leaders nazis jugeaient indésirables du point de vue racial ou génétique.
Le Code de Nuremberg
Le Code de Nuremberg fut créé après la découverte des expériences dans les camps et après les procès jugeant les abus commis par le corps médical au cours de la Shoah. Il comprenait le principe de consentement éclairé et des normes à appliquer dans la recherche.