Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands créèrent des conseils juifs, appelés des Judenräte (Judenrat au singulier). Ces administrations municipales juives étaient tenus de veiller à ce que les décrets et les règlements nazis soient mis en oeuvre. Les membres des conseils juifs eurent aussi la charge de fournir des services collectifs essentiels à la population juive enfermée dans les ghettos.

Contraints de mettre en oeuvre la politique nazie, les conseils juifs demeurent un sujet sensible et controversé. Les présidents des conseils juifs devaient décider s'ils se conformaient aux exigences allemandes, en fournissant, par exemple, des listes de noms de Juifs pour les déportations. A Lvov, Joseph Parnes fut tué pour avoir refusé de livrer des Juifs pour la déportation au camp de travail forcé de Janowska. A Varsovie, plutôt que d'aider à organiser les rafles de Juifs, le président du conseil juif Adam Czerniakow se suicida le 22 juillet 1942, le jour où les déportations commencèrent.

D'autres responsables des conseils juifs prônèrent l'obéissance, pensant que la coopération permettrait d'assurer la survie d'au moins une partie de la population. A Lodz, Mordechai Chaim Rumkowski tenta en vain de convaincre les nazis de limiter le nombre de Juifs déportés et demanda aux résidents du ghetto d'obéir aux convocations en vue de la déportation. Il crut également au "sauvetage par le travail", estimant que si les Allemands pouvaient exploiter le travail des Juifs, les déportations pourraient être évitées.

Les membres des conseils juifs avaient des opinions différentes sur la résistance. A Sosnowiec, Moshe Merin dénonça la résistance armée clandestine, pensant qu'elle mettait en danger l'ensemble du ghetto. A Vilnius, le président du conseil juif Jacob Gens décida de livrer le chef de la résistance clandestine Yitzhak Wittenberg, croyant sauver ainsi le ghetto de la liquidation. L'opposition des conseils juifs à la résistance provoqua souvent des rancoeurs au sein des organisation clandestines, qui parfois accusèrent les conseils juifs de collaboration avec les nazis (à Varsovie, la résistance clandestine attaqua la police juive).

Certains présidents de conseil juif, comme par exemple Efraim Barasz à Bialystok, pensaient que la résistance ne pouvait être qu'un dernier recours quand un ghetto était sur le point d'être liquidé. A Kaunas, Elchanan Elkes aida activement la résistance. A Lachva et à Tuchin, les membres du conseil juif prirent part à des soulèvements. A Diatlovo, les membres du conseil juif organisèrent les groupes de partisans.

Les membres des conseils juifs durent faire face à des dilemmes insoutenables. On oublie souvent dans les débats sur la responsabilité des conseils juifs et de la police juive, les efforts que de nombreux membres juifs firent dans le cadre de leurs fonctions pour fournir de la nourriture, des services sociaux, économiques et culturels dans les conditions brutales et difficiles des ghettos.