Le prêt-bail est le terme couramment donné à la politique américaine d'aide matérielle aux Alliés avant et après l'entrée en guerre des Etats-Unis en 1941.

Les origines de cette politique pourraient remonter à la décision prise par les Etats-Unis en 1938 d'autoriser les ventes d'armes à emporter ("cash and carry") à la Grande-Bretagne et à la France. Dans le cadre de cette politique — à laquelle s'opposèrent fermement les isolationnistes, les non-interventionnistes et les partisans de l'Allemagne — la Grande-Bretagne et la France achetèrent des quantités considérables de matériels militaires et de produits aéronautiques.

En 1940, par exemple, la France, la Grande-Bretagne et les pays du Commonwealth avaient acheté près de 90% de la production américaine d'avions. Pour le seul mois de juin 1940, les Alliés achetèrent pour 43 millions de dollars de matériel de guerre. Après la débâcle de l'armée française et l'évacuation des forces du Commonwealth depuis le port de Dunkerque, l'Allemagne nazie contrôla toute l'Europe occidentale. La Grande-Bretagne se trouva seule, durant l'été 1940, face à l'isolement et à une possible défaite. La chute de la Grande-Bretagne aurait pu donner aux Allemands le contrôle de tout l'Atlantique nord. Il était par conséquent impératif de reconstruire rapidement les forces armées britanniques. Or, la Grande-Bretagne n'avait plus les ressources financières nécessaires pour se procurer le matériel militaire vital, ni les moyens de l'acheminer de façon sûre à destination.

Sans en avoir informé préalablement le Congrès, le président américain Franklin D. Roosevelt livra, en septembre 1940, à la Royal Navy 50 destroyers obsolètes destinés à escorter les convois britanniques chargés d'acheminer le matériel de guerre lors de la traversée de l'Atlantique. En contrepartie, la Grande-Bretagne donna aux Etats-Unis des concessions à long terme pour des bases navales et aériennes dans diverses colonies britanniques aux Antilles, à Terre-Neuve, aux Bermudes etc.

En février 1941, en réponse à l'appel du Premier ministre britannique Winston Churchill ("Donnez-nous les outils et nous finirons le travail"), Franklin D. Roosevelt présenta un projet de loi permettant aux Etats-Unis de "fabriquer, vendre, prêter, transférer, louer ou échanger" des armes avec tout pays "jugé vital par le Président pour la défense des Etats-Unis". Ce projet suscita une forte controverse entre interventionnistes et isolationnistes, qui y voyaient la première étape d'un engagement des Etats-Unis dans la guerre. En dépit des fortes protestations des isolationnistes, dont le Père Charles E. Coughlin, la loi du prêt-bail (Lend-Lease Act) fut approuvée à une large majorité par les deux branches du Congrès en mars 1941.

Un premier crédit de 7 millions de dollars fut rapidement employé, et le programme fut renouvelé à de multiples reprises par le Congrès. A la fin de la guerre, les Etats-Unis avaient transféré un total de 50 milliards de dollars à 38 pays alliés et avaient récupéré pour une valeur d'environ 8 milliards de dollars de matériel en prêt-bail.

Les principaux bénéficiaires de la loi prêt-bail furent la Grande-Bretagne (31 milliards de dollars) et l'Union Soviétique (11 milliards de dollars). Ces chiffres comprennent la valeur de matériels tels que des avions, des armes, des munitions, des vêtements, de la nourriture et des matières premières transportés par terre, mer et air. La loi prêt-bail contribua de façon déterminante à maintenir la machine de guerre alliée en fonction, surtout dans les mois précédant l'entrée en guerre des Etats-Unis.

Le prêt-bail consolida le rôle des Etats-Unis comme arsenal des démocraties. La puissance industrielle américaine se révéla être l'arme décisive de la Seconde Guerre mondiale. Le prêt-bail cessa en septembre 1945 à l'initiative du président Truman. L'aide américaine aux pays amis prit ensuite la forme d'un énorme programme de redressement économique connu sous le nom de plan Marshall.