Le début de la terreur nazie
Dès son accession au poste de chancelier, le 30 janvier 1933, Adolf Hitler travailla à transformer l'Allemagne en une dictature à parti unique. Il entreprit aussi de se doter des pouvoirs nécessaires pour mettre en œuvre sa politique de purification “racial” à long terme et la conquête de l'Europe, et ce aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du cadre légal de la constitution allemande.
Dans la nuit du 27 au 28 février 1933, un déficient mental de nationalité néerlandaise mit le feu au bâtiment du parlement allemand (le Reichstag). Hitler et son ministre de la propagande, Joseph Goebbels, présentèrent cet événement comme le prélude à un soulèvement armé communiste et parvinrent à persuader le vieux président, Paul von Hindenburg, de proclamer ce qui allait devenir un état d'urgence permanent. Ce “Décret de l'incendie du Reichstag” suspendit les dispositions de la constitution allemande protégeant les droits individuels fondamentaux, au nombre desquels la liberté de presse, la liberté d'expression et la liberté de réunion. Le décret permit également à l'Etat et la police de s'immiscer dans la vie privée des citoyens puisque la censure de la correspondance, les écoutes téléphoniques et les perquisitions à domicile sans mandat ou sans motif sérieux furent autorisées. Dans le cadre de cet état d'urgence, le régime nazi pouvait arrêter et incarcérer les personnes sans motif et sans limite de temps.
Hitler et le régime nazi eurent également recours à la terreur pour intimider les opposants. Les formations paramilitaires, telles que les SA (Sturmabteilungen, “sections d'assaut”) et les SS (Schutzstaffel, "échelons de protection") avaient été créées dans les années 20 pour terroriser les opposants politiques et assurer la protection des leaders du NSDAP. Après l'arrivée des nazis au pouvoir, de nombreux membres de ces unités furent recrutés comme auxiliaires de police et autorisés à passer à tabac ou tuer ceux qu'ils considéraient comme des opposants. De plus, des militants nazis attaquaient ceux qu'ils considéraient comme des ennemis du régime soit spontanément soit lors de vagues de persécution organisées localement.
La SS était un instrument particulièrement important de la terreur nazie. Ses membres constituaient le personnel des camps de concentration, dans lesquels les ennemis supposés du régime étaient emprisonnés. En outre, le chef de la SS Heinrich Himmler prit également le contrôle de la police régulière. Sous Himmler et son adjoint Reinhard Heyrich, la SS centralisa les forces de la police politique allemande au sein d'une nouvelle agence, la Gestapo (Geheime Staatspolizei, police secrète d'Etat). Opérant en collaboration avec une police criminelle nationale nouvellement unifiée, les agents en civil de la Gestapo avaient recours à des méthodes impitoyables pour identifier et arrêter les opposants politiques et, en règle générale, les personnes qui refusaient de se conformer à la politique du régime nazi.
Dans les mois qui suivirent la prise du pouvoir d'Hitler, des membres des SA et de la Gestapo allèrent de maison en maison à la recherche des ennemis du nazisme. Ils arrêtèrent les socialistes, les communistes, les leaders syndicaux et en général tous ceux qui s'étaient exprimés contre le parti nazi. Certains furent assassinés. A l'été 1933, le parti nazi était devenu le seul parti politique légal. Presque toute l'opposition organisée au régime avait été éliminée. La démocratie était morte en Allemagne.
L'intimidation par la terreur fut considérablement favorisée par le zèle avec lequel de nombreux Allemands (par conviction, appât du gain, jalousie ou vengeance) dénonçaient leurs concitoyens, juifs ou non, à la police. La Gestapo n'aurait pas pu exercer un tel contrôle sur la société allemande sans ce flot continu de dénonciations, dont beaucoup étaient complètement dénuées de fondement.
Les nouvelles autorités nazies dont la SA, la SS et les autorités municipales de nombreuses communes créèrent des “camps” dans toute l'Allemagne. Il s'agissait de centres de détention aménagés dans des camps proprement dits ou bien dans de vieux entrepôts, des usines désaffectées et d'autres bâtiments. Les autorités nazies y détenaient les opposants politiques sans procès et dans des conditions cruelles et brutales. Le 20 mars 1933, les SS ouvrirent un camp dans une fabrique de munitions désaffectée de la ville de Dachau, située près de Munich, dans le sud-ouest de l'Allemagne. Le camp de concentration de Dachau devait devenir le “modèle” du vaste système de camps administré par la SS.