Les femmes sous le Troisième Reich
Les femmes jouaient un rôle central dans la “communauté raciale” allemande idéale (Volksgemeinschaft) qu'Hitler entendait créer. Il croyait qu'une population plus nombreuse et plus pure racialement augmenterait la puissance militaire de l'Allemagne et fournirait des colons pour occuper les territoires conquis d'Europe orientale. La politique démographique agressive du Troisième Reich encourageait les femmes “racialement pures” à enfanter autant d'enfants “aryens” que possible.
Cette politique revêtit sa forme la plus radicale en 1936, lorsque les dirigeants SS lancèrent le programme national connu sous le nom de Lebensborn (source de vie). Prolongeant l'ordonnance SS sur le mariage de 1932, l'ordonnance sur le Lebensborn de 1936 prescrivait que tout membre de la SS devait engendrer au moins quatre enfants dans les liens du mariage ou en dehors de celui-ci. Les foyers du Lebensborn accueillaient les mères et les enfants illégitimes, fournissaient des actes de naissance, un soutien financier et recrutaient des parents adoptifs.
Finalement, le programme Lebensborn ne fut pas largement appliqué. La politique démographique nazie porta plutôt sur la famille traditionnelle et le mariage. L'Etat encourageait le mariage au moyen de prêts, versait des allocations familiales pour chaque nouvel enfant. Il mit à l'honneur les familles nombreuses, accorda la “croix d'honneur de la mère allemande” aux femmes ayant eu au moins quatre enfants, et alourdit les peines pour les avortements.
La ligue des femmes nationales-socialistes (Nationalsozialistische Frauenschaft ou NS-Frauenschaft) et l'Oeuvre des femmes allemandes (Deutsches Frauenwerk ou DFW) utilisèrent la propagande pour encourager les femmes à se consacrer à leur rôle d'épouses et de mères. En plus de l'accroissement de la population, le régime entendait promouvoir la “pureté raciale” par “l'amélioration de l'espèce”, en promulguant notamment des lois interdisant les mariages entre “Aryens” et “non-aryens” et en empêchant les personnes atteintes de handicaps ou de certaines maladies de se marier.
A l'école et au sein de la Ligue des jeunes filles allemandes (Bund Deutscher Mädel ou BDM) dont elles étaient obligatoirement membres, les jeunes filles apprenaient à adopter leur rôle de mère et de femme obéissante. Le réarmement, puis la guerre totale, contraignirent cependant les nazis à renoncer à leur idéal domestique pour les femmes. Pour faire face au besoin de main-d'œuvre, l'Etat fut amené à pousser les femmes à travailler (par exemple dans le cadre de l'Année du devoir, un plan de service obligatoire pour toutes les femmes), y compris dans l'armée (en 1945, le nombre d'auxiliaires féminines dans l'armée allemande atteignait près de 500 000).