Le camp de Gurs fut l'un des premiers et des plus grands camps créés dans la France d'avant-guerre. Il se trouvait au Pays Basque, dans le sud-ouest de la France, juste au sud du village de Gurs au pied des Pyrénées. Il était situé à environ 80 km de la frontière espagnole au nord-ouest de la ville d'Oloron-Sainte-Marie.

Le gouvernement français créa le camp de Gurs en avril 1939, avant la guerre avec l'Allemagne et bien avant l'occupation de la France en juin 1940. A l'origine, Gurs servit de camp de détention pour les réfugiés politiques et les membres des Brigades internationales qui fuyaient l'Espagne après la guerre civile espagnole.

Au début de l'année 1940, le gouvernement français y interna environ 4 000 réfugiés juifs allemands considérés comme des "étrangers ennemis" ainsi que des dirigeants politiques français de gauche opposés à la guerre avec l'Allemagne. Après l'armistice de la France avec l'Allemagne signé en juin 1940, Gurs tomba sous l'autorité du nouveau gouvernement français, celui de Vichy, engagé dans la collaboration avec le Reich.

Les conditions dans le camp de Gurs étaient très rudimentaires. Le camp était surpeuplé et les gens y souffraient en permanence de pénurie d'eau, de nourriture et de vêtements. En 1940 et 1941, 800 détenus moururent des suites de maladies contagieuses, dont la typhoïde et la dysenterie.

En octobre 1940, les autorités allemandes déportèrent 7 500 Juifs du Sud-Ouest de l'Allemagne vers la zone non-occupée de la France. Les responsables de Vichy les internèrent la plupart d'entre eux à Gurs. De ce premier groupe, 1 710 Juifs furent finalement libérés, 755 s'évadèrent, 1 940 purent émigrer, et 2 820 hommes furent enrôlés dans les bataillons de travail français.

Entre le 6 août 1942 et le 3 mars 1943, les autorités de Vichy livrèrent aux Allemands 3 907 prisonniers juifs de Gurs, qui furent pour la plupart envoyés au camp de transit de Drancy, en banlieue parisienne. A partir de Drancy, ils furent déportés en six convois vers les camps de mise à mort situés en Pologne occupée, principalement vers Auschwitz.

Les autorités de Vichy fermèrent le camp de Gurs en novembre 1943. Au total, transitèrent par Gurs près de 22 000 prisonniers, dont plus de 18 000 étaient Juifs. Plus de 1 100 prisonniers moururent dans le camp. En 1944, Gurs fut brièvement rouvert pour y interner des prisonniers politiques et des résistants arrêtés par la police de Vichy. Après la libération de la France par les Alliés en août 1944, les autorités françaises utilisèrent Gurs pour y détenir des prisonniers de guerre allemands et des collaborateurs français. A la fin de l'année 1945, les autorités de la République française fermèrent définitivement le camp de Gurs.