Pendant la Shoah, d'innombrables d'organisation juives ainsi que des Juifs à titre individuel, firent tout leur possible pour secourir des membres de leur communauté. Beaucoup de ces efforts n'auraient eu qu'un succès limité sans l'aide de nombreux non-Juifs sympathisants.

LE SAUVETAGE DES ENFANTS

Des actions organisées pour sauver les enfants commencèrent avant même le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. L'Aliyah des jeunes fut fondé en 1933 pour sauver les jeunes juifs de l'Allemagne nazie en les envoyant en Palestine. Sous l'égide de l'agence juive de Jérusalem, elle parvint à faire partir entre 1933 et 1945 plus de 14 000 enfants non accompagnés en Palestine et en Grande-Bretagne. En Grande-Bretagne, un groupe rassemblant diverses organisations, connu sous le nom de Mouvement de secours aux enfants (Movement for the Care of Children), organisa entre décembre 1938 et septembre 1939 le voyage et l'accueil de plus de 10 000 enfants juifs réfugiés d'Europe centrale. Comme ces enfants voyageaient sans leurs parents, l'opération fut connue sous le nom de "Kindertransport".

En France, trois organisations juives organisèrent des opérations de sauvetage pour des enfants: les Eclaireurs Israélites de France (mouvement scout juif), le Mouvement des Jeunesses Sionistes et la plus connue l'Œuvre de Secours aux Enfants (OSE). Oeuvrant sur tout le territoire, les membres de ces organisation fournirent des caches à des enfants juifs, en particulier à de jeunes réfugiés étrangers qui étaient les plus menacés. Ils organisèrent également la libération d'enfants détenus dans des camps d'internement et les firent passer, clandestinement, en sécurité en Suisse ou en Espagne. Des actions similaires furent conduites localement: à Paris par le Comité de la rue Amelot et par l'organisation communiste juive "Solidarité", à Marseille par le groupe "Service Andres" et à Nice par le groupe Maurice Cachoud qui se spécialisa dans le transport clandestin d'enfants vers la Suisse. Grâce à ces actions, 12 000 à 15 000 enfants juifs furent sauvés de la déportation et d'une mort presque certaine.

LA FUITE VIA L'EXTREME-ORIENT

La fuite par l'Extrême-Orient fut une possibilité qui sauva la vie de milliers de juifs polonais réfugiés en Lituanie. Sur une initiative du dirigeant sioniste Zorah Warhaftig, avec l'aide de diplomates neerlandais, de nombreux réfugiés purent obtenir des visas de transit auprès de Chiune Sugihara, le consul du Japon à Kovno. Ils leur restaient ensuite à négocier avec les autorités soviétiques pour obtenir leurs visas de sortie. Munis de ces papiers, quelque 2 178 réfugiés juifs polonais se rendirent au Japon entre octobre 1940 et août 1941. La plupart d'entre eux furent ensuite envoyés à Shanghai, en Chine sous occupation japonaise, où il restèrent toute la durée de la guerre.

LES EFFORTS DU YISHUV

Le Yishuv (la population juive de Palestine) envoya 37 parachutistes en Europe pour aider les Juifs sous l'oppression nazie. Les nazis arrêtèrent et abattirent sept d'entre eux, dont Hannah Szenes (en Hongrie), Haviva Reik (en Slovaquie) et Enzo Sereni (en Allemagne)

Le Yishuv organisa également l'immigration "illégale" vers la Palestine, une opération alors en cours connue sous le nom d'Aliyah Bet. Des groupes sionistes, en particulier leurs jeunes membres, facilitèrent l'émigration d'individus et de petits groupes à partir notamment de Vienne, Berlin, Prague et Varsovie. A l'origine, les bateaux de l'Aliyah Bet partaient des ports grecs. Plus tard, le principal itinéraire passa du Danube à la Méditerranée via la Mer Noire. Ces voyages, qui devinrent plus difficiles après le déclenchement de la guerre, se firent sous les auspices de deux organisations politiques rivales en Palestine : les Sionistes travaillistes et les Révisionnistes de droite.

Malgré les dangers, 62 voyages de ce type eurent lieu entre 1937 et 1944. Entre janvier 1939 et décembre 1944, 18 879 Juifs purent atteindre la Palestine par voie maritime. 1393 voyageurs n'auraient pas atteint la Palestine et pourraient s'être noyés pendant le voyage.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Brigade juive ainsi que d'anciens résistants organisèrent la Brihah (la fuite en hébreu), soit l'exode de 250 000 réfugiés vers la Palestine. Le Joint Distribution Committee et l'Agence juive de Palestine apportèrent une aide substantielle aux survivants de la Shoah dans les camps de personnes déplacées.

LES RANCONS DEMANDEES AUX JUIFS

Il y eut plusieurs tentatives de sauvetage de Juifs en échange d'argent aux autorités.

En Slovaquie, la dirigeante sioniste Gisi Fleischmann et le rabbin Michael Dov Weissmandel dirigèrent le "Groupe de travail", une organisation juive souterraine de sauvetage. En 1942, ils soudoyèrent le capitaine SS Dieter Wisliceny, l'adjoint d'Eichmann au sein de la section juive de la SS, alors chargé de superviser la déportation des Juifs slovaques. Il n'existe pas de preuve formelle que les pots de vin soient à l'origine de la fin des déportations en Slovaquie, bien qu'ils aient peut être influencé cette décision. Il est cependant certain que les pots de vin, versés par le Groupe de travail à des fonctionnaires slovaques, permirent l'ouverture en 1942 des trois camps de travail forcé de Novaky, Sered et Vyhne dans lesquels y furent détenus des Juifs qui risquaient la déportation et qui échappèrent ainsi aux camps de mise à mort. Ainsi 4 000 Juifs slovaques furent sauvés d'une mort certaine. Dans une stratégie connue sous le nom de "Plan Europe", les membres du Groupe de travail tentèrent également de réunir 2 à 3 millions de dollars auprès des Juifs du monde libre pour payer les nazis afin qu'ils cessent les déportations vers les camps de mise à mort.

En Hongrie, le Comité d'aide et de secours de Budapest, créé en 1941, organisa différentes opérations pour sauver des Juifs polonais, slovaques et hongrois. En 1943, ce groupe devint une section reconnue de l'Agence juive pour la Palestine. En mai 1944, à la suite à l'occupation de la Hongrie par l'Allemagne, ses membres prirent contact avec les officiers SS Adolf Eichmann (l'une des figures centrales de la "Solution finale") et Kurt Becher. On pense qu' Adolf Eichmann proposa "d'échanger" un million de Juifs contre des biens dont on ne connaît pas la nature. Même si cette affaire ne fut jamais conclue en raison des objections des Alliés, les négociateurs du Comité réussirent à persuader les nazis d'autoriser le départ de Budapest, le 30 juin 1944, d'un convoi de 1 684 Juifs hongrois. Après un court séjour à Bergen-Belsen, ces Juifs purent atteindre la Suisse.

LE SAUVETAGE DES RABBINS

En novembre 1939, l'Union des rabbins orthodoxes des Etats- Unis créa le "Va'ad ha-Hatsala" (Comité de sauvetage), une organisation de secours et d'aide dont le but déclaré était de sauver les rabbins européens, les étudiants des yeshiva (écoles rabbiniques) ainsi que d'autres Juifs orthodoxes. En 1940-1941, le Va'ad aida à l'émigration d'environ 650 rabbins et étudiants de Lituanie aux Etats-Unis, en Palestine, en Asie centrale et à Shanghai.
En 1942, après la révélation des exterminations massives des communautés juives d'Europe, le Va'ad s'engagea dans des activités politiques destinées à secourir les Juifs sous l'occupation nazie. Le 6 octobre 1943, quelque 400 rabbins américains participèrent à une marche de protestation à Washington. En 1944-1945, le Va'ad, par le biais de ses ramifications en Suisse, en Suède, en Turquie et à Tanger, lança des opérations pour secourir les Juifs. L'une des opérations les plus réussies fut le sauvetage de 1 220 Juifs de Terezin (Theresienstadt). Après des négociations entre le politicien suisse Jean-Marie Musy (soutenu par le Va'ad) et le dirigeant SS Heinrich Himmler, ces prisonniers furent relâchés en Suisse en février 1945.

Malgré diverses opérations courageuses qui permirent le sauvetage de plusieurs milliers de Juifs, des millions de Juifs européens ne purent être sauvés du génocide nazi.