Travail forcé : prisonniers de guerre soviétiques, janvier 1942 - mai 1945
La campagne militaire contre l'Union soviétique
Adolf Hitler pensait que la campagne contre l'Union soviétique serait rapide. Ses stratèges militaires et lui-même furent ainsi pris au piège de leurs stéréotypes ethniques et raciaux. Ils s'imaginaient que les Slaves étaient stupides et incompétents et que l'Union soviétique communiste était aux mains des Juifs qu'ils considéraient comme lâches et perfides. Cette attitude conduisit les dirigeants allemands à commettre de graves erreurs de jugement.
Les premiers succès militaires allemands furent impressionnants. Les unités allemandes atteignirent les abords de Moscou au début du mois de décembre 1941. Hitler et ses généraux s'attendaient alors à une victoire rapide, une autre guerre éclair avec une victoire allemande à la clé mais l'invasion allemande ne se déroula pas comme ils l'avaient prévue. Après des mois de campagne, l'armée allemande était épuisée. Les Soviétiques étaient mieux équipés que ne l'avaient soupçonné les stratèges allemands et l'armée allemande était elle-même étendue sur un territoire trop vaste sans avoir été équipée pour l'hiver. En outre, l'avancée allemande avait été si rapide que les forces avaient dépassé leurs lignes de ravitaillement, devenues vulnérables en raison de l'importance des distances (Moscou se situe à plus de 1 600 kilomètres à l'est de Berlin). En décembre 1941, l'Union soviétique lança une contre-attaque majeure au centre du front, contraignant les Allemands à se replier de Moscou de manière chaotique. Ce n'est que plusieurs semaines plus tard que les Allemands réussirent à stabiliser le front à l'est de Smolensk. Il fut alors évident pour tout le monde, y compris pour Hitler, que la guerre durerait bien plus longtemps que prévu.
Le traitement des prisonniers de guerre soviétiques
Au mois de janvier 1942, Hitler consentit à un meilleur traitement des prisonniers de guerre soviétiques : la guerre s'enlisait et les autorités allemandes réalisèrent que les prisonniers de guerre soviétiques représentaient une source de main-d'œuvre utile en temps de guerre. La pénurie de main-d'œuvre, à laquelle devait faire face l'économie de guerre allemande, atteignait des proportions critiques. Les prisonniers de guerre soviétiques bénéficièrent alors de rations légèrement améliorées, même si ces dernières étaient encore bien loin des rations accordées aux autres prisonniers de guerre et à la population civile allemande. Ceci permit de limiter le taux de mortalité jusqu'alors très élevé des prisonniers de guerre soviétiques. Mais jusqu'à la fin de la guerre, ce taux demeura bien plus élevé que celui des autres prisonniers de guerre.
En 1943 et 1944, le taux de mortalité augmenta cependant de nouveau en raison des privations et des maladies. Les prisonniers de guerre soviétiques étaient affectés aux travaux très rudes : construction de routes et de bâtiments, exploitation des mines de charbon et agriculture. Le changement d'attitude à l'égard des prisonniers de guerre soviétiques souligne la détermination du régime nazi à exterminer les Juifs. En dépit d'un manque de main-d'œuvre criant, les SS tuèrent des millions de Juifs en Pologne occupée, au cours de l'année 1942.
Après la guerre
Les souffrances des prisonniers de guerre soviétiques, qui avaient survécu à la captivité allemande, ne prirent pas fin avec la guerre. Les prisonniers de guerre libérés des camps nazis furent souvent accusés, par les autorités soviétiques, d'avoir collaboré avec les nazis. Une fois rapatriés, un grand nombre d'entre eux furent interrogés et jugés par les autorités soviétiques. Dans la plupart des cas, ils furent reconnus coupables de collaboration et condamnés à la réclusion dans un camp de travail forcé soviétique. La plupart d'entre eux y demeurèrent même après la mort de Joseph Staline en 1953.