Les Allemands créèrent le camp de concentration de Natzweiler-Struthof, l'un des plus petits qu'ils aient construit, près de la ville alsacienne de Natzweiler (germanisation de Natzwiller), à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Strasbourg. Jusqu’à la fin des travaux, en mai 1941, les prisonniers dormaient à l’hôtel du Struthof, tout proche, d’où le nom du lieu. Environ 1500 personnes y étaient détenues, affectées aux carrières voisines, sur des chantiers, et à l'entretien du camp.

À partir de l’été 1943, de nombreux prisonniers « Nuit et brouillard » furent emmenés à Natzweiler-Struthof. Cette opération (Nacht und Nebel) était dirigée contre toute opposition à l'Allemagne, de plus en plus fréquente en Europe de l'Ouest. Les combattants suspectés d’actes de résistance étaient arrêtés sans que leurs familles en soient informées : elles disparaissaient dans « la nuit et le brouillard ». Aussi, de nombreux prisonniers du camp du Struthof étaient membres de la Résistance française.

En août 1943, une chambre à gaz fut construite dans l’un des bâtiments de l’hôtel. Plus de 80 Juifs transférés d'Auschwitz y furent exterminés, et leurs corps envoyés à l’Institut d’anatomie de l’Université de Strasbourg. C'est là que le professeur August Hirt constituait une collection de squelettes juifs afin de prouver, dans le cadre d'études anthropologiques, l'« infériorité raciale » juive. La chambre à gaz servait également à des expériences médicales pseudo-scientifiques sur les gaz toxiques. Les victimes étaient principalement des Tsiganes transférés depuis Auschwitz. Par ailleurs, des prisonniers furent soumis à des expériences visant à mettre au point un traitement contre le typhus et la fièvre jaune.

À partir de 1944, les Allemands accordèrent plus d'importance à la production d’armement. Dans tout le camp de Natzweiler-Struthof, ils utilisèrent les prisonniers comme main-d’œuvre forcée pour la fabrication d’armes et la construction d’ateliers de production souterrains (rendus nécessaire par les bombardements alliés sur les complexes industriels allemands).

LES SOUS-CAMPS DU STRUTHOF

L'ensemble comptait plus de 50 sous-camps, situés en Alsace-Lorraine ainsi que dans les provinces allemandes voisines du Pays de Bade et du Wurtemberg. À l’automne 1944, environ 7000 prisonniers se trouvaient dans le camp principal et plus de 20 000 dans les sous-camps.

LA LIBÉRATION DU STRUTHOF

À l’approche des forces alliées en septembre 1944, les autorités SS évacuèrent le camp principal et répartirent les prisonniers dans les sous-camps, qui furent démantelés l'année suivante, en mars 1945. La plupart des prisonniers furent soumis à des marches de la mort sur de longues distances et dans des conditions extrêmement brutales en direction du camp de Dachau, dans le sud de l’Allemagne.

De mai 1941 à mars 1945, entre 19 000 et 20 000 personnes trouvèrent la mort dans le réseau de camps de concentration du Struthof-Natzweiler.