Lodz
La ville de Lodz se trouve à 120 kilomètres au sud-ouest de Varsovie, en Pologne. Avant la guerre, la communauté juive de Lodz était la seconde de Pologne, après celle de Varsovie. Lodz fut occupée par les Allemands une semaine après leur invasion de la Pologne, le 1er septembre 1939. La ville fut annexée à l'Allemagne, incorporée dans la province du Warthegau et rebaptisée Litzmannstadt, du nom du général allemand qui s'en était emparé au cours de la Première Guerre mondiale.
Au début de février 1940, les Allemands créèrent un ghetto dans la partie nord-est de la ville. Plus de 160 000 Juifs, soit plus d'un tiers de la population de la ville, y furent confinés dans un espace réduit.
Le ghetto fut isolé du reste de la ville par une clôture de fils de fer barbelés et ce périmètre était surveillé par des unités spéciales de la police. A l'intérieur, l'ordre relevait de la responsabilité de la police juive. Le ghetto était divisé en trois zones par l'intersection — qui se trouvait à l'extérieur du ghetto — de deux routes principales. Des ponts construits au-dessus de ces deux voies reliaient entre elles les trois zones du ghetto. Les tramways qui transportaient des voyageurs non-juifs traversaient le ghetto mais n'étaient pas autorisés à s'y arrêter.
Lodz était le plus important centre industriel polonais d'avant guerre. Sous l'occupation allemande, son ghetto devint un important centre de production. Dès mai 1940, les Allemands ouvrirent des usines dans le ghetto et utilisèrent les Juifs comme main-d'œuvre forcée. En août 1942, on y comptait près de 100 usines qui fabriquaient notamment des produits textiles, dont des uniformes pour l'armée allemande. Mordechai Chaim Rumkowski, le président du conseil juif, pensait pouvoir éviter la destruction du ghetto en augmentant sa productivité et empêcher la déportation de la main-d'œuvre en la rendant indispensable.
Les conditions de vie à l'intérieur du ghetto étaient épouvantables. La quasi-totalité des habitations n'y disposait pas d'eau courante ni de tout-à-l'égout. La dureté des conditions de travail, le surpeuplement et la dénutrition étaient la règle. L'écrasante majorité des habitants travaillait dans les usines allemandes, ne recevant que de maigres rations alimentaires des employeurs. Plus de 20% de la population mourut des conséquences directes de ces conditions de vie effroyables.
LES DEPORTATIONS DANS LE GHETTO DE LODZ
En 1941 et 1942, près de 40 000 Juifs furent déportés vers le ghetto de Lodz : 20 000 en provenance d'Allemagne, d'Autriche, du protectorat de Bohême-Moravie, du Luxembourg, et près de 20 000 de petites villes du Warthegau. Environ 5 000 Tsiganes, originaires pour la plupart de la province du Burgenland, furent également déportés dans le ghetto, où ils furent confinés dans un bloc de bâtiments à l'écart.
LES DEPORTATIONS DES HABITANTS DU GHETTO DE LODZ
En janvier 1942, les autorités allemandes commencèrent à déporter les Juifs du ghetto de Lodz vers le camp de mise à mort de Chelmno. A la date de septembre 1942, 70 000 Juifs et 5 000 Tsiganes y avaient été déportés. Un détachement spécial de la SS était chargé de tuer les Juifs déportés dans des camions à gaz mobiles (des camions avec un compartiment hermétiquement scellé qui servait de chambre à gaz). Avant leur déportation, les Juifs étaient regroupés dans des points de rassemblement à l'intérieur du ghetto. Au début, les Allemands demandaient au conseil juif d'établir des listes de déportés mais cette méthode ne leur permit pas d'atteindre les quotas escomptés et ils eurent alors recours aux rafles de la police. Les Allemands fusillèrent et tuèrent des centaines de Juifs — dont des enfants, des personnes âgées et des malades — lors de ces opérations d'expulsion.
Il n'y eut pas de déportation importante de Juifs de Lodz entre septembre 1942 et mai 1944. Le ghetto ressemblait alors à un camp de travail forcé. Au printemps 1944, les nazis décidèrent de le détruire. Il était alors devenu le dernier ghetto existant de Pologne et était peuplé, en mai 1944, d'environ 75 000 Juifs. En juin et en juillet 1944, les déportations reprirent et environ 3 000 Juifs furent envoyés à Chelmno. Les Allemands leur faisaient croire qu'ils étaient transférés vers des camps de travail en Allemagne. En août 1944, les 60 000 Juifs survivants du ghetto furent déportés vers le camp de mise à mort d'Auschwitz-Birkenau.