L'AJC (American Jewish Congress : Congrès juif américain) fut créé en décembre 1918 par des organisations religieuses, sionistes et communautaires juives. A cette époque, la direction politique de la communauté juive aux Etats-Unis était essentiellement assurée par une élite d'origine allemande. L'AJC fut fondé pour renforcer ce leadership et pour présenter une position unifiée des Juifs américains lors de la Conférence de Paix de Paris en 1919. L'AJC fut ensuite dissous en 1919, puis réorganisé en 1922. Il devint un groupe de pression efficace en 1928, sous la direction du rabbin Stephen S. Wise, qui resta le président et le principal porte-parole de l'AJC jusqu'à sa mort en 1949.

Pendant les années 30, le rabbin Wise, démocrate convaincu, lança des avertissements répétés contre les dangers du nazisme. Lorsqu'Adolf Hitler fut nommé chancelier le 30 janvier 1933, Wise organisa au Madison Square Garden de New York une importante manifestation de protestation malgré l'opposition du Département d'Etat américain et des organisations juives conservatrices. Le Congrès juif américain continua à organiser différentes manifestations de protestation pendant les années 1930 et 1940.

En août 1933, le Congrès Juif Américain prit la tête d'un boycott général des produits allemands. Bien que protestant activement contre les mauvais traitements infligés aux Juifs allemands, l'AJC ne demanda pas publiquement au gouvernement américain l'augmentation du nombre de réfugiés venant d'Allemagne. Sur ce point, l'AJC partageait les vues d'autres organisations juives américaines, qui craignaient que ce type d'exigence ne provoque des restrictions supplémentaires à l'immigration et ne renforce l'antisémitisme aux Etats-Unis.

En 1936, le Congrès juif américain contribua largement à la création du Congrès juif mondial (WJC : World Jewish Congress). Conservant son poste de président de l'AJC, le rabbin Wise en fut aussi élu président. Durant la Seconde Guerre mondiale, le Congrès juif américain servit d'intermédiaire entre le gouvernement américain et le Congrès juif mondial dans les tentatives de sauvetage des Juifs européens.

En août 1942, le rabbin Wise reçut un télégramme de Gerhart Riegner, le représentant du Congrès juif mondial à Genève. Riegner signalait que les nazis avaient planifié et mettaient en oeuvre une politique d'extermination des Juifs d' Europe ; le texte faisait aussi spécifiquement référence au camp d'Auschwitz-Birkenau. Après confirmation par le Département d'Etat de l'exactitude des informations contenues dans ce télégramme, connu aujourd'hui sous le nom de “Télégramme Riegner”, l'AJC mit sur pied un Comité d'urgence conjoint (Joint Emergency Committee). Ce dernier devait coordonner les efforts des principales organisations juives aux Etats-Unis pour convaincre l'administration Roosevelt de prendre des mesures supplémentaires pour secourir les Juifs d'Europe.

En décembre 1942, le Congrès juif américain créa un Comité de planification (Planning Committee), chargé de trouver des soutiens à différentes propositions de sauvetage. Ce comité ne reçut que peu de soutiens de la population américaine. Le projet le plus impressionnant fut une autre manifestation au Madison Square Garden, le 1er mars 1943, qui rassembla 70 000 personnes. Des manifestations du même type furent ensuite organisées dans plusieurs villes aux Etats-Unis.

Le Congrès juif américain était pro-sioniste. Sa direction recouvrait celle de l'Organisation sioniste d'Amérique (Zionist Organization of America : ZOA). C'est pourquoi les deux organisations acceptèrent de concentrer leurs efforts pendant la guerre. Le Congrès juif américain se consacra au sauvetage des Juifs d'Europe, tandis que la ZOA travailla à la création d'un Etat juif en Palestine. Cette entente subsista après la guerre, même si elle perdit beaucoup de son importance après la création de l'Etat d'Israël en 1948.