La cruauté du régime nazi et la barbarie de la guerre forcèrent certains enfants à grandir beaucoup trop vite. Un jeune survivant décrivit ceux-ci comme « des vieux aux visages d'enfants, sans rien de la joie, du bonheur ou de l'innocence de la jeunesse. » Les garçons et les filles juifs qui vivaient dans la clandestinité s'adaptaient à leur situation anormale et improvisaient des jeux, profitaient de la moindre petite occasion d'apprendre quelque chose. Tant bien que mal, ils se débrouillaient pour mener une existence précaire.

Le quotidien des enfants cachés variait selon les circonstances, différentes s'ils pouvaient vivre ouvertement, peut-être aller à l'école et fréquenter des gens de leur âge ou bien s'ils devaient être physiquement tenus à l'écart. Pour ceux qui n'étaient pas autorisés à s'aventurer au-dehors, la vie clandestine ne connaissait souvent que douleur, tourment et ennui. La lecture, le jeu, et toute forme de créativité pouvaient aider à remplir des heures qui s'éternisaient et, pour un temps, détourner l'attention d'une situation désespérée.

Le jeu

Je n'avais aucun jeu. À l'époque, j'avais six ans, et je n'avais aucune idée… Je me divertissais avec les poules et je m'amusais avec la paille…
Sarah (Sheila) Peretz Etons

Le jeu représente une partie essentielle de la vie de l'enfant, il encourage la créativité, l'interaction sociale et le développement mental. Même dans les ghettos et les camps de concentration, les enfants juifs y cherchaient le réconfort. Pour les enfants cachés qui ne possédaient que très peu d'affaires personnelles, un jouet assurait un rôle bien spécial. Il pouvait contribuer à créer un lien entre l'enfant et ses sauveteurs ou bien réaffirmer la relation avec des parents absents. Tout aussi important, un quelconque objet ludique aidait à restituer un semblant d'enfance normale à des jeunes dont la situation était tout ce qu'il y a d'anormal.

L'instruction

Depuis des temps anciens, l'instruction représente un élément important de la culture juive. Cependant, au fur et à mesure que l'Allemagne exerça son emprise sur l'Europe, les chances pour les Juifs d'aller à l'école et à l'université furent dans un premier temps fortement limitées, avant d'être finalement complètement éliminées.

Pour les écoliers cachés qui avaient « l'air aryen », les habitudes d'un quotidien scolaire et de l'étude aidaient à redonner un sens de normalité à la vie, et peut-être le réconfort dont ils avaient tant besoin auprès de leurs nouveaux camarades. Quant aux enfants physiquement cachés, une éducation traditionnelle était peu envisageable, mais quand c'était possible, ils essayaient d'apprendre tout seuls en lisant et en écrivant.

Le travail

Les enfants juifs cachés participaient fréquemment aux tâches ménagères et autres travaux quotidiens dans leurs familles adoptives. À la campagne, ils s'occupaient souvent des animaux et aidaient au semis et à la récolte. En ville, ils travaillaient à l'usine ou vendaient denrées alimentaires et divers articles, légalement ou au marché noir. Dans certains cas, les plus âgés fuyaient vers les forêts où ils tentaient de survivre, ou rejoignaient des mouvements partisans dans leur lutte contre les Nazis.

Les vêtements

Quand les Juifs se voyaient contraints de déménager dans des ghettos ou étaient déportés dans des camps de concentration, les Nazis les privaient de la plupart de leurs possessions en limitant considérablement ce qu'ils pouvaient emporter avec eux. Une fois les populations déplacées, l'accès à des biens quelconques était restreint.

Les enfants cachés devaient aller d'un endroit à un autre rapidement et le plus discrètement possible. Ainsi, il leur fallait tout quitter, même le peu qui leur appartenait. La plupart ne prenaient que ce qu'ils avaient sur le dos. Avec les pénuries dues à la guerre, se procurer de nouveaux vêtements s'avérait en général difficile, alors leurs sauveteurs utilisaient des chutes de tissu ou récupéraient de vieux habits.