La famille de Nesse possédait une crèmerie. Les Allemands occupèrent la Lituanie en 1941 et établirent un ghetto à Siauliai. Nesse vécut dans ce ghetto jusqu'en 1943, où elle eut l'âge de travailler. En 1944, Nesse, sa mère et l'un de ses frères furent déportés dans le camp de Stutthof près de Dantzig. Nesse travailla dans plusieurs camps annexes de Stutthof jusqu'en janvier 1945, où les prisonniers furent engagés dans une marche vers la mort. Elle fut libérée par les Soviétiques en mars. Nesse, sa mère et deux de ses frères survécurent. Elle arriva aux Etats-Unis en 1950.
A ce moment-là, pour entrer dans le ghetto, il suffisait de présenter le certificat. Si vous aviez le certificat, ils vous laissaient passer la barrière. Ainsi, près de cinq mille personnes sont entrées dans le ghetto. Il y avait dix mille Juifs dans les deux ghettos réunis. Ceux qui n'avaient pas obtenu ce certificat jaune, je crois que c'était le cas pour près de trois mille cinq cents d'entre eux -- l'orphelinat, le foyer pour personnes âgées, les vieux, les malades, les enfants de nombreuses familles, et de nombreuses personnes qui étaient venues les dernières chez elles et qui n'avaient plus de place dans le ghetto. On les a placées dans les synagogues de la ville, dans les shulen, comme on disait, dans le shul. En plus de la faim, pas d'eau. Ils suppliaient qu'on leur donne à manger, ils suppliaient qu'on les sauve. Les gens essayaient -- notre conseil juif, composé de gens merveilleux, ils essayaient autant que possible de les sauver. Ils disaient déjà, "D'accord, emmène-les dans le village de Zagare." Ils pensaient qu'au
moins ils vivraient, parce que nous avions déjà fait l'expérience avec un millier d'hommes. Ces gens furent tués comme ce millier d'hommes, dans une autre forêt, trois mille cinq cents personnes. Alors, au fil du temps, le ghetto s'est formé, je ne sais plus si c'était en août ou en septembre, je ne m'en souviens plus. Mais je sais [qu'aux] Grandes Vacances, nous étions déjà -- ma famille et moi -- dans le ghetto. La moitié de notre population avait été tuée.
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