Points de repère

– Le diplomate suédois Raoul Wallenberg mena l'une des plus importantes opérations de secours de l'époque nazie, et l'une des plus réussies. Grâce à son travail auprès du War Refugee Board américain (WRB) et du Congrès juif mondial, il sauva la vie de milliers de Juifs hongrois.

– Peu après son arrivée à Budapest, en Hongrie, en juillet 1944, Wallenberg distribua des certificats de protection aux Juifs. Pendant l'automne, il ne cessa d'intervenir pour s'assurer que ceux-ci soient libérés, tout comme les détenteurs de faux papiers.

– En 1981, Raoul Wallenberg fut nommé citoyen d'honneur des États-Unis, et en 1985, la rue devant le United States Holocaust Memorial Museum prit son nom.

Avant les secours

Raoul Wallenberg naquit le 4 août 1912 à Stockholm, en Suède.

Il fit ses études aux États-Unis dans les années 30, puis retourna en Suède pour se lancer dans les affaires. En juin 1944, le WRB le recruta puis l'envoya en Hongrie en tant que diplomate et membre de la légation suédoise, avec pour tâche de faire son possible pour venir en aide aux Juifs hongrois.

Arrivée de Wallenberg à Budapest

Wallenberg arriva à Budapest le 9 juillet 1944, en qualité de premier secrétaire de la légation suédoise en Hongrie. Malgré une absence totale d'expérience diplomatique et de connaissance sur le terrain des opérations clandestines, il organisa l'une des plus importantes opérations de secours, et l'une des plus réussies, de l'Holocauste. Grâce à son travail auprès du WRB et du Congrès juif mondial, il sauva des milliers de Juifs hongrois de la déportation.

La Hongrie était l'alliée de l'Allemagne, mais les défaites allemandes et le nombre croissant de pertes hongroises poussèrent le pays à aspirer à un armistice avec les Alliés occidentaux et l'Union soviétique. Cependant, le 19 mars 1944, les Allemands occupèrent la Hongrie afin de l'empêcher de sortir de la guerre. Ils forcèrent le chef d'État, Miklos Horthy, à nommer à la tête d'un gouvernement pro-allemand Dome Sztojay, un ambassadeur disposé non seulement à continuer la guerre, mais aussi à déporter les Juifs hongrois vers la Pologne occupée. Peu après, les rafles commencèrent, et ceux-ci furent remis aux Allemands.

En juillet 1944, les Hongrois et les Allemands avaient déporté près de 440000 Juifs, presque tous vers Auschwitz-Birkenau. Environ 320000 d'entre eux furent tués à leur arrivée, et le reste envoyé aux travaux forcés à Auschwitz et dans d'autres camps. Presque 200000 Juifs vivaient encore à Budapest, qui allaient bientôt subir le même sort, conformément aux demandes allemandes.

Les opérations de secours

Avec l'autorisation de son gouvernement, Wallenberg commença à délivrer des certificats de protection suédois aux Juifs de Budapest peu après son arrivée. Grâce à des fonds du WRB et de son pays, il créa des hôpitaux, des crèches et une soupe populaire, et mit en place plus de 30 lieux sûrs qui formaient le cœur du « ghetto international » de la ville. Celui-ci était réservé aux Juifs en possession d'un certificat délivré par un pays neutre.

Le 15 octobre 1944, le mouvement fasciste des Croix fléchées prit le pouvoir, avec l'aide des Allemands. La déportation des Juifs hongrois, que Horthy avait interrompus en juillet, recommença. Les Soviétiques ayant bloqué les routes ferroviaires vers Auschwitz, les autorités forcèrent des dizaines de milliers de Juifs hongrois à marcher vers la frontière avec l'Autriche, à l'ouest. Au cours de l'automne, Wallenberg intervint à de multiples reprises, souvent personnellement, pour assurer la libération des détenteurs de certificats de protection ou de faux papiers et tirer autant de personnes que possible des marches de la mort.

D'autres diplomates suédois et de pays neutres se joignirent aux opérations de secours. Carl Lutz, consul général de la légation suisse, délivra des certificats d'immigration qui mirent près de 50000 Juifs de Budapest sous la protection de la Suisse en tant qu'émigrants potentiels vers la Palestine. L'homme d'affaires italien Giorgio Perlasca se fit passer pour un diplomate espagnol. Suivi de près par Laszlo et Eugenia Szamosi, il délivra de nombreux certificats pour des pays dont l'Espagne neutre représentait les intérêts. Il mit également en place des lieux sûrs, dont un pour les enfants. Lorsque l'armée soviétique libéra Budapest en février 1945, il y restait encore plus de 100000 Juifs, principalement grâce aux efforts de Wallenberg et de ses collègues.

Après la libération

La dernière fois que l'on vit Wallenberg vivant fut le 17 janvier 1945, en compagnie de responsables soviétiques dans une capitale hongroise assiégée par l'Armée rouge. Il aurait été soupçonné d'espionnage et incarcéré. Un rapport du gouvernement soviétique en 1956 semble indiquer qu'il serait décédé le 17 juillet 1947 alors qu'il se trouvait dans la tristement célèbre prison de Loubianka à Moscou. Il existe cependant des témoignages confirmant la présence de Wallenberg dans les prisons soviétiques après 1947, jetant ainsi le doute sur les allégations du rapport. La date et les circonstances exactes de sa mort ne seront donc peut-être jamais connues. En octobre 2016, 71 ans après sa disparition, les autorités suédoises le déclarèrent officiellement décédé.