La Première Guerre mondiale et le génocide arménien
Dans un contexte de guerre, des atrocités de masse et des génocides sont souvent commis. Le génocide arménien fut étroitement lié à la Première Guerre mondiale dans le Proche-Orient et le Caucase russe. La Turquie ottomane combattit aux côtés des Empires centraux (Allemagne et Empire austro-hongrois) contre les puissances de l'Entente (Grande-Bretagne, France, Russie et Serbie).
La Première Guerre mondiale offrit à la dictature des Jeunes-Turcs (Comité Union et Progrès, CUP) l'opportunité de réaliser ses objectifs nationalistes. Déjà proche de l'Allemagne en raison de leurs liens économiques, des relations étroites entre leurs forces militaires, et de leurs ambitions territoriales compatibles en vue d'une guerre contre la Russie, le gouvernement des Jeunes-Turcs conclut un accord militaire secret avec le gouvernement allemand le 2 août 1914, pour ensuite entrer officiellement en guerre aux côtés des Empires Centraux le 11 novembre.
Repoussant une première invasion russe, les troupes ottomanes envahirent le Caucase (l'Arménie et la Géorgie d'aujourd'hui) dans l'intention d'avancer leur position vers l'Empire perse (Iran actuel). Cet hiver 1914, les Turcs subirent une terrible défaite dans le Caucase, puis une autre sur le canal de Suez lors d'une vaine tentative pour repousser les forces britanniques hors d'Égypte. Les troupes russes envahirent l'Empire ottoman, pénétrant dans les provinces de l'Est anatolien de Trabzon, Erzurum et Van, où vivait un grand nombre d'Arméniens. La dernière semaine d'avril 1915, la Grande-Bretagne et la France attaquèrent l'Empire à Gallipoli, avec pour objectif une défaite écrasante ottomane.
LES ARMÉNIENS DANS LES ZONES DE CONFLIT
Même si l'Empire ottoman était essentiellement musulman, il y avait également une importante population chrétienne. Dans les provinces de l'est, les chrétiens arméniens représentaient 45 % de la population.
Les chefs militaires ottomans se virent forcés de déporter les Arméniens hors des zones de guerre, car ils représentaient une cinquième colonne pouvant potentiellement défendre les intérêts de l'ennemi (la Russie). Lorsque la Triple-Entente et les États-Unis, encore neutres, contestèrent, les autorités ottomanes justifièrent les déportations comme étant une mesure de précaution.
En janvier 1915, les Russes mirent en déroute les troupes ottomanes lors de la bataille de Sarikamis. La 3e armée ottomane y perdit près de la moitié de ses soldats. Bien que les soldats arméniens aient généralement combattu avec loyauté et bravoure aux côtés de l'armée ottomane, les dirigeants CUP décidèrent d'attribuer cette défaite aux supposés traîtres arméniens.
TRAVAUX FORCÉS ET MASSACRES SUR LE FRONT
De février à mars 1915, les autorités ottomanes abandonnèrent leurs positions dans le Caucase et en Perse et massacrèrent les populations jugées potentiellement infidèles, conduisant certains Arméniens à prendre les armes pour se défendre. Lorsque les troupes russes envahirent l'Empire en avril, certaines de ces bandes armées s'allièrent à elles. Ceci conforta les commandants ottomans dans l'idée que tous les Arméniens étaient des traîtres potentiels : ils désarmèrent leurs propres soldats arméniens déployés sur le front et les emprisonnèrent dans des camps de travaux forcés.
En avril et à la début mai, les Russes se rapprochaient et une majorité de dirigeants arméniens appelaient leurs civils à se soumettre aux Ottomans et la plupart obéirent. Néanmoins, un groupe armé décida de se rebeller contre la garnison ottomane à Van. À l'arrivée des Russes, le 18 mai 1915, il avait pris le contrôle de la ville. Le régime ottoman vit cette insurrection comme la confirmation d'un manque de loyauté généralisé du peuple arménien.
APRÈS LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
Après le traité de Sèvres, qui prévoyait la création d'un état arménien au nord-ouest de l'Anatolie, le nouveau régime de Mustafa Kemal Pasha (qui prit le nom d'Atatürk) s'opposa aux pouvoirs occidentaux et à leurs efforts pour diviser l'Anatolie. Atatürk annonça la création de la nouvelle République de Turquie (dans les frontières actuelles du pays) en novembre 1922. Le traité de Lausanne de 1923 qui s'en suivit, entre la Turquie et les puissances de l'Entente, ne fit aucune référence à l'Arménie et aux droits arméniens.
Bien qu'il y ait eu plusieurs tentatives de procès après-guerre, aucun responsable ottoman ne fut déclaré coupable de ces crimes devant un tribunal.