A couple dances at the "Eldorado," a nightclub frequented by members of Berlin's homosexual community.

Les lesbiennes sous le régime nazi

Il n’existe ni législation ni politique officielle interdisant les relations sexuelles entre femmes sous le régime nazi. Néanmoins, dès 1933, celui-ci entreprend de harceler et de détruire les communautés et réseaux lesbiens qui se sont développés pendant la République de Weimar (1918-1933). Il instaure de ce fait un climat de peur et de restriction des libertés pour nombre de lesbiennes.

Points de repère

  • 1

    Avant l’arrivée au pouvoir des Nazis en 1933, communautés et réseaux lesbiens sont florissants, en particulier dans les grandes villes.

  • 2

    Le régime nazi traite les relations sexuelles entre femmes très différemment des relations sexuelles entre hommes, en raison de la vision qu’ont les Nazis de la place des femmes dans la société.

  • 3

    Les Nazis ne persécutent pas systématiquement les lesbiennes. Néanmoins, certaines d’entre elles sont internées dans des camps de concentration en tant que prisonnières politiques, asociales ou appartenant à d’autres groupes.

Introduction

Henny Schermann

Les parents de Henny s'étaient rencontrés peu après que son père eut émigré de Russie. Henny fut la première des trois enfants de ce couple juif. Francfort était un important centre économique et culturel.

1933-39: Après l'accession des Nazis au pouvoir commença la persécution de nombreux groupes "d'indésirables" parmi lesquels les Juifs, les Tsiganes, les homosexuels, les handicapés, ainsi que les politiciens de gauche. Après 1938, pour identifier les Juifs, un décret Nazi fut promulgué prévoyant que "Sara" devait être ajouté comme deuxième prénom de toutes les femmes juives sur leurs papiers officiels. Henny, alors âgée de vingt-quatre ans, travaillait comme assistante dans une boutique et vivait avec sa famille à Francfort.

1940-44: Au début de l'année 1940, Henny fut arrêtée à Francfort et déportée dans le camp de concentration pour femmes de Ravensbrück. Derrière la photo où on la voit prisonnière, il était écrit : "Jenny (sic) Sara Schermann, née le 19 février 1912 à Francfort sur le Main. Vendeuse célibataire à Francfort sur le Main. Lesbienne licencieuse, ne fréquente que les bars [homosexuels]. A refusé le prénom 'Sara'. Juive apatride."

Henny fit partie des nombreuses prisonnières de Ravensbrück sélectionnées en vue de leur extermination. En 1942, Henny fut gazée dans le centre d'exécution de Bernbourg.

Les poursuites et les persécutions à l’encontre des femmes lesbiennes en raison de leur seule orientation sexuelle ne prirent jamais un caractère systématique. En effet, sous le régime nazi, il n’existait ni législation ni politique officielle interdisant les relations sexuelles entre femmes, ce qui n’était pas le cas pour les hommes homosexuels.  

Avant, pendant et après le régime nazi, les hommes accusés d’homosexualité furent poursuivis au titre du paragraphe 175 du Code pénal allemand, qui interdisait les relations sexuelles entre hommes. Il ne s’appliquait pas aux femmes. Néanmoins, à partir de 1933, le régime nazi harcela et détruisit les communautés et réseaux lesbiens qui s’étaient développés pendant la République de Weimar (1918-1933). Il instaura de ce fait un climat de peur et de restriction des libertés pour nombre de lesbiennes.

Comme il n’existait aucune loi ou mesure politique précise applicable aux actes sexuels entre femmes, les lesbiennes vécurent des expériences très diverses dans l’Allemagne nazie. Entre autres causes déterminantes des persécutions nazies, la sexualité ne constituait pas le plus important. Ce furent plutôt d’autres facteurs qui influèrent sur la vie des lesbiennes à l’époque nazie : l’identité dite « raciale », les attitudes politiques, la classe sociale, les normes de genre, etc. Selon les situations, certaines lesbiennes (en particulier celles issues de la classe ouvrière) furent emprisonnées ou envoyées en camp de concentration. Elles étaient alors catégorisées comme prisonnières politiques ou asociales. Si elles étaient juives, elles durent faire face aux persécutions et à l’extermination par les Nazis en tant que Juives. Ainsi, dans la plupart des cas, la sexualité constituait un facteur secondaire. On ne connaît pas le nombre de lesbiennes juives tuées par les Allemands et leurs collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale

Avant les Nazis : les lesbiennes sous la République de Weimar

Au cours de la République de Weimar, la société allemande connut des transformations sociales, politiques et culturelles complexes. D’une part, la période fut marquée par des troubles politiques et des violences, en plus de la crise économique. D’autre part, les Allemands profitaient de libertés sociales et politiques inédites. Cette atmosphère donna naissance à des mouvements artistiques, à une expansion de la presse et à des cultures alternatives de plus en plus visibles. 

C’est également au cours de cette période que certains Allemands défièrent publiquement les normes sexuelles et de genre, plus particulièrement dans les grandes villes telles que Berlin, Hambourg et Francfort-sur-le-Main. 

Communautés et réseaux lesbiens de Weimar 

Des communautés lesbiennes distinctes se développèrent. On fondait des clubs et des associations pour cultiver réseaux et relations, notamment, parmi les plus célèbres, Violetta et Monbijou à Berlin (Damenklub Violetta et Damenklub Monbijou). Des rassemblements informels dans des bars et cabarets lesbiens étaient organisés, comme au club Monokel-Diele. Les lesbiennes se retrouvaient également au fameux Eldorado. 

Ces lieux de rencontre faisaient leur publicité dans une nouvelle presse lesbienne qui émergea au milieu des années 1920. Les journaux lesbiens contribuèrent à l’expansion des réseaux. Parmi eux, on comptait Frauenliebe (Amours de femmes) et Die Freundin (La petite amie). Dans les grandes villes, on pouvait les acheter en kiosque et dans le reste de l’Allemagne, il était possible de s’y abonner. D’autres types de publications lesbiennes, notamment des romans, commencèrent aussi à paraître plus fréquemment. 

Attitudes des Allemands vis-à-vis de l’homosexualité  

Déjà à la fin du 19e siècle, des débats publics sur la sexualité avaient lieu en Allemagne. Mais l’atmosphère sociale de la République de Weimar créa un espace de dialogue plus large. On se mit alors à discuter de sexualité entre personnes du même sexe. Avec d’autres, le médecin et sexologue Magnus Hirschfeld organisèrent des « ligues de l’amitié » homosexuelles (Freundschaftsverbände), qui comptaient également des membres hétérosexuels. Ces groupes revendiquaient la dépénalisation des relations intimes entre hommes. Ils trouvèrent des alliés à gauche et au centre de la scène politique. Parmi ces soutiens figuraient :

  • le Parti social-démocrate, grand parti de gauche modéré (Sozialdemokratische Partei)
  • le Parti communiste, plus radical (Kommunistische Partei Deutschlands)
  • la Ligue allemande des droits de l’homme (Deutsche Liga für Menschenrechte)
  • le Parti démocrate allemand, centriste (Deutsche Demokratische Partei)

Magnus Hirschfeld et d’autres cherchaient également à éduquer le grand public. Il s’agissait notamment de l’idée que l’homosexualité était innée, et qu’elle ne constituait ni un vice ni une perversion. 

De nombreux Allemands s’opposaient à ce que l’on discute ainsi publiquement de sexe et de sexualité. Pour eux, ces débats étaient décadents, trop permissifs et immoraux. La présence croissante du sexe dans les publicités, les films et d’autres aspects de la vie quotidienne les perturbaient. Les communautés homosexuelles et lesbiennes devenaient à leurs yeux un symbole de plus d’une société allemande considérée comme dépravée. 

Divers groupes politiques de droite et du centre, ainsi que des organisations religieuses traditionnelles, cherchèrent à contrer cet aspect de la culture de Weimar en défendant leur propre version de la culture allemande. Cette vision était ancrée dans la littérature et la musique classique, dans la religion et la famille. Certains accusaient d’autres groupes de corrompre la culture allemande, pointant notamment du doigt les Juifs, les communistes et les Américains.  

Attitudes des Nazis vis-à-vis de l’homosexualité

Même avant d’accéder au pouvoir, de nombreux Nazis s’indignaient de la visibilité des communautés homosexuelles et lesbiennes. Ils dénonçaient l’homosexualité comme étant une menace pour le peuple allemand. Le Parti nazi, officiellement opposé à toute tentative de dépénalisation des relations sexuelles entre hommes, soutenait que l’homosexualité était un vice destructeur. Wilhelm Frick, membre du Reichstag, déclara en 1927 que « les hommes qui se livrent à une débauche contre nature doivent être persécutés avec la plus grande sévérité. De tels vices mèneront à la désintégration du peuple allemand. »  

Répression de l’homosexualité par les Nazis

Adolf Hitler fut nommé Chancelier d’Allemagne le 30 janvier 1933. Peu après, les communautés homosexuelles et lesbiennes du pays commencèrent à subir les pressions et la surveillance du nouveau régime. Pour les hommes accusés d’homosexualité, cette répression alla en s’aggravant tout au long des années 1930. Les persécutions furent brutales. 

Fermeture des lieux de rencontre homosexuels et lesbiens 

À partir de 1933, le régime nazi se mit à harceler les communautés et les personnes homosexuelles et lesbiennes en fermant et en perquisitionnant leurs lieux de rencontre et leurs organisations. Dans un premier temps, les actions des Nazis furent disparates, car elles dépendaient des priorités des forces de police et des gouvernements locaux. Par exemple, au printemps 1933, la police prussienne reçut l’ordre de fermer certains bars. Si l’opération fut réussie à l’Eldorado, à Berlin, et au Dornröschen, à Cologne, d’autres établissements purent rester ouverts dans des villes comme Berlin et Hambourg jusqu’au milieu des années 1930. Des lieux de rencontre clandestins demeurèrent actifs encore plus longtemps, non sans subir cependant une surveillance policière croissante. Enfin, dans le cadre des restrictions imposées par les Nazis à la liberté de la presse, le gouvernement fit également cesser la parution de revues et de journaux homosexuels et lesbiens. 

De fait, en supprimant publications et lieux de rencontre, le régime parvint alors à dissoudre les communautés lesbiennes qui s’étaient développées sous la République de Weimar. 

A couple dances at the "Eldorado," a nightclub frequented by members of Berlin's homosexual community.

Un couple danse à l’ “Eldorado,” une boîte de nuit fréquentée par des membres de la communauté homosexuelle de Berlin. La boîte de nuit, en même temps que d’autres établissements similaires, fut fermée par le gouvernement nazi au printemps 1933. Berlin, Allemagne, 1929.

Crédits:
  • Bildarchiv Preussischer Kulturbesitz

Élargissement des persécutions contre les hommes accusés d’homosexualité 

Au cours des années 1930, les actes nazis visant l’homosexualité masculine devinrent plus systématiquement répressifs. En 1935, le régime réforma le paragraphe 175. L’article interdisait désormais toute forme d’intimité sexuelle entre hommes et augmentait la sévérité des sanctions encourues. Les procureurs furent chargés de réclamer de lourdes peines au tribunal, des réquisitions que les juges s’empressaient souvent d’appliquer. 

Enfin, ce fut le dirigeant SS Heinrich Himmler, pour qui l’homosexualité masculine représentait un « fléau public », qui prit la tête des persécutions. En 1936, il créa l’Office central du Reich pour la lutte contre l’homosexualité et l’avortement (Reichszentrale zur Bekämpfung der Homosexualität und der Abtreibung). Ce bureau faisait partie de la Kripo (police criminelle) et travaillait en relation étroite avec la Gestapo. L’une de ses principales responsabilités était de contrôler et de traquer les hommes soupçonnés d’être homosexuels. Si la police s’intéressait alors moins aux lesbiennes, elle enquêta tout de même sur elles et en interrogea un certain nombre.

Lesbiennes et politiques nazies relatives à la procréation 

Si le régime nazi n’interdit jamais les relations sexuelles entre femmes, il envisagea de le faire dans le cadre de la répression de l’homosexualité. Ce ne fut cependant pas le cas, car il voyait les lesbiennes différemment des homosexuels. Pourquoi ?  

Le régime nazi considérait avant tout les lesbiennes comme des femmes

Or, les Nazis étaient convaincus que les allemandes avaient une tâche spéciale à accomplir : la maternité. Selon cette logique, les lesbiennes étaient des femmes et devaient donc devenir mères. Il leur incombait de donner naissance à des Allemands racialement purs, des « Aryens ». 

Pour encourager la procréation aryenne, les Nazis adoptèrent un ensemble de programmes et de lois. On peut citer l’exemple du Lebensborn, qui incitait les femmes aryennes à avoir beaucoup d’enfants, même en dehors du mariage. Parallèlement, le régime tenta d’interdire ou de limiter la procréation au sein des groupes considérés comme inférieurs. Ainsi, en juillet 1933, une nouvelle législation rendit obligatoire la stérilisation des personnes porteuses de handicaps supposés héréditaires. D’autres textes, comme les lois de Nuremberg de 1935, définirent qui avait le droit d’avoir des relations sexuelles avec qui. 

En raison des attitudes largement répandues sur les différences entre la sexualité masculine et féminine, les Nazis ne créèrent aucune politique distincte visant spécifiquement les lesbiennes en tant que problème pour la procréation aryenne. En effet, à leurs yeux, ces femmes pourraient facilement être persuadées de porter des enfants ou forcées à le faire. 

Réactions des lesbiennes au régime nazi 

Sous le régime nazi, les lesbiennes ne purent pas continuer à vivre et à se fréquenter aussi facilement que pendant la République de Weimar. Considérées par la majeure partie de la société allemande comme des marginales, des personnes en dehors des conventions, elles couraient donc plus de risques d’être dénoncées, puis d’être ciblées par le régime. 

Leurs réactions à ces nouvelles circonstances et à ces nouvelles peurs furent diverses. Toutes ne prirent pas les mêmes décisions. D’ailleurs, toutes ne faisaient pas face aux mêmes options. Par exemple, les lesbiennes aryennes avaient beaucoup plus de choix possibles que les lesbiennes juives ou tsiganes (roms), celles-ci étant persécutées avant tout pour des motifs raciaux. 

Les lesbiennes aryennes, surtout lorsqu’elles disposaient de ressources financières, purent tenter de cacher leur sexualité derrière une façade de conformité. Certaines coupèrent les liens avec leurs cercles amicaux, se retirèrent de la vie publique ou contractèrent des mariages de convenance. D’autres déménagèrent dans une autre ville ou à la campagne.  

Il y eut des lesbiennes allemandes qui coururent le risque de résister à l’État nazi pour des raisons politiques et personnelles. Certaines continuèrent à chercher des lieux de rencontre clandestins, surtout dans les grandes villes, rejoignirent des groupes de résistance anti-nazis ou aidèrent à cacher des Juifs. 

Arrestations et détentions de lesbiennes en camps de concentration

D’après les archives, il est manifeste que des lesbiennes furent arrêtées et envoyées en camp de concentration. Quelles en sont les raisons étant donné que les relations sexuelles entre femmes n’étaient pas illégales sous le régime nazi ? 

Une explication brève consiste à dire que les lesbiennes arrêtées le furent parce qu’elles appartenaient également à d’autres groupes : 

  • Juifs
  • Tsiganes (Roms)
  • Asociaux
  • Prisonniers politiques
  • Récidivistes  

Dans les fichiers des prisonnières lesbiennes, les autorités du camp indiquaient généralement un motif racial, politique, social ou pénal comme cause première de leur arrestation. Dans certains cas, figurait également leur sexualité. 

Il est difficile de savoir quel rôle joua la sexualité dans leur internement. Parfois, leur arrestation n’avait que peu à voir, ou rien du tout, avec le fait qu’elles étaient lesbiennes. Dans d’autres cas, leur sexualité peut avoir influer sur la situation. C’est particulièrement vrai pour les arrestations déclenchées par une dénonciation, celles-ci touchant fréquemment les personnes considérées comme marginales.

Dénonciations

Pour la majorité de la société allemande, les relations sexuelles entre femmes étaient un tabou. Il arrivait que des voisins, des proches, voire des amis réprouvaient le comportement de ces femmes et donc les dénonçaient à la police, peut-être sans savoir que les relations sexuelles entre femmes n’étaient pas illégales. D'ailleurs, dans certains cas, la plainte était classée, faute de fondement juridique. 

Néanmoins, ces dénonciations pouvaient attirer une surveillance indésirable. La police pouvait être amenée à découvrir des infractions, par exemple des liens avec une organisation de résistance, une amitié avec des Juifs ou un comportement politique subversif. Dans ces cas-là, les femmes pouvaient être arrêtées et envoyées en camp de concentration. 

L’affaire Elli Smula et Margarete Rosenberg

L’exemple d’Elli Smula et Margarete Rosenberg montre comment le régime nazi pouvait parfois arrêter pour d’autres motifs des femmes accusées de relations homosexuelles. En 1940, après avoir été dénoncées par des collègues, Elli Smula et Margarete Rosenberg furent interrogées par la Gestapo. Leurs collègues alléguaient qu’elles avaient eu des relations sexuelles avec d’autres femmes. Quant à la Gestapo, elle prétendait que ces relations s’étaient ingérées dans leurs responsabilités professionnelles dans une station de tram de Berlin. Elles furent accusées de subversion, puis déportées au camp de concentration de Ravensbrück en tant que prisonnières politiques. La mention « lesbienne » figurait dans leur dossier. 

Les lesbiennes et le triangle rose

Les Nazis groupaient les prisonniers des camps de concentration en fonction du motif de leur internement. En 1938, ces groupes furent identifiés par des insignes de couleur cousus sur les uniformes des détenus. Ainsi, les hommes internés parce qu’ils étaient accusés d’avoir enfreint le paragraphe 175 durent porter un triangle rose, la catégorie « homosexuels » (homosexuell) du système de classification des prisonniers. 

Dans les camps, les femmes qui s’identifiaient ou étaient identifiées comme lesbiennes ne portaient pas le triangle rose, mais un insigne correspondant à la raison officielle de leur arrestation et de leur internement. 

Relations sexuelles entre femmes dans les camps de concentration

Des témoignages directs, des récits biographiques et des journaux intimes d’anciens prisonniers révèlent que ceux-ci avaient des liaisons entre eux dans les camps de concentration. D’après ces sources, les rapports sexuels, tant hétérosexuelles qu’entre personnes du même sexe allaient de relations consensuelles jusqu’à la prostitution, en passant par des agressions sexuelles brutales.

Certaines femmes eurent des relations sexuelles avec leurs codétenues. Il est important de noter que de telles relations n’entrent pas nécessairement dans la catégorie du « lesbianisme ». En effet, toutes celles qui eurent des relations sexuelles avec des femmes n’étaient pas lesbiennes. Certaines nouèrent des relations dont elles parlèrent plus tard comme d’une source de réconfort dans les camps. D’autres les voyaient même comme nécessaires à leur survie. 

Les rapports entre personnes du même sexe dans les camps pouvaient paraître choquants aux yeux des autres détenues, issues de cultures et d’origines différentes. Dans les récits et témoignages d’après-guerre, certaines rescapées qualifiaient les lesbiennes des camps de menace à la sécurité et au bien-être des autres prisonnières. Pour d’autres, les relations entre personnes de même sexe représentaient une déchéance imposée par l’expérience concentrationnaire. De telles descriptions reflètent à quel point, dans les camps, les lesbiennes continuaient à être traitées comme des marginales.

Documenter les expériences des lesbiennes sous le nazisme

Trouver des sources historiques sur les expériences des lesbiennes sous le régime nazi reste compliqué.

Dans les cas où les lesbiennes n’avaient pas de contact direct avec le régime, il n’existe pratiquement aucune trace écrite recueillant leurs vies et leurs expériences. 

Même lorsqu’elles furent arrêtées et envoyées en camp de concentration, la documentation demeure difficile à trouver. L’un des obstacles vient du fait que les lesbiennes étaient rarement identifiées comme telles dans les fichiers officiels de la période nazie. 

De plus, puisqu’il n’existait pas de législation précise en vertu de laquelle elles étaient poursuivies, la recherche n’a nulle part où trouver d’archives judiciaires relatives à leur arrestation et à leur détention. Par exemple, si l’on trouve bien des mentions de lesbiennes dans des jugements et des fichiers de police liés à l’opposition politique et aux comportements asociaux, elles sont dispersées dans de multiples dossiers. Les chercheurs qui espèrent en savoir plus sur le parcours des lesbiennes doivent s’atteler à un dépouillement minutieux.

Autre difficulté, très peu de lesbiennes donnèrent leur témoignage sur leurs expériences au cours de cette période. La raison en est notamment que les relations sexuelles entre femmes restèrent un tabou pendant des décennies après le régime nazi. 

La recherche sur l’histoire des lesbiennes à l’époque nazie se poursuit.

Notes

  1. Footnote reference1.

    C’est un défenseur allemand de la dépénalisation des relations sexuelles entre hommes qui a créé les mots « Homosexualität » (homosexualité) et « Homosexual » (homosexuel) en 1869. Bien qu’aujourd’hui nombre de membres de la communauté LGBTQ+ considèrent ce vocabulaire comme péjoratif, « homosexualité », « homosexuel » et d’autres termes apparentés étaient populaires et largement utilisés à l’époque. Ils étaient acceptés par une grande part de la communauté médicale et scientifique allemande. Dès la fin du 19e siècle en Allemagne, des hommes commencèrent à s’identifier comme « homosexuels » (homosexuell) ou attirés par les personnes de même sexe (gleichgeschlechtlich).

  2. Footnote reference2.

    En revanche, les relations sexuelles entre femmes représentaient un crime en Autriche et dans les provinces tchèques de Bohême et Moravie, territoires contrôlés par les Nazis. Cette législation était déjà en vigueur avant l'annexation et fut appliquée tout au long de l’époque nazie.

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