Après la Première Guerre mondiale, deux pays revendiquèrent Vilno (aujourd'hui Vilnius) : la Pologne et la Lituanie. Les forces polonaises avaient occupé la ville en 1920, qui fit partie du nord-est de la Pologne jusqu'en 1939.

À la fin septembre 1939, conformément aux conditions du pacte germano-soviétique, les forces soviétiques occupèrent Vilno ainsi que le reste de la Pologne orientale. Le mois suivant, l'Union soviétique transféra la région à la Lituanie. La population de la ville s'élevait alors à 200 000 habitants, dont plus de 55 000 Juifs, auxquels s'ajoutèrent 12 000 à 15 000 réfugiés juifs venus de la Pologne occupée. Les forces soviétiques occupèrent la Lituanie en juin 1940. En août, elles rattachèrent la Lituanie à l'Union soviétique. Le 22 juin 1941, l'Allemagne attaqua à l'est, et le 24, ce fut l'armée allemande qui occupa Vilno.

LE GHETTO DE VILNO

En juillet 1941, l'administration militaire allemande émit une série de décrets anti-juifs. Le même mois, les Einsatzgruppen (unités mobiles d'intervention), aidées par des Lituaniens, exécutèrent 5 000 Juifs dans la forêt de Ponary, à 13 kilomètres de Vilno. L'administration civile allemande prit le contrôle de la ville en août 1941. À la fin du mois, les Allemands tuèrent 3 500 autres Juifs, à nouveau à Ponary.

Au début de septembre 1941, ils créèrent deux ghettos, le 1 et le 2. Les Juifs considérés comme incapables de travailler étaient concentrés dans le 2. En octobre, les détachements allemands des Einsatzgruppen et leurs auxiliaires lituaniens détruisirent le ghetto 2 et assassinèrent ses habitants à Ponary. La prison de Lukiszki constituait le centre de rassemblement pour ceux qui étaient emmenés à Ponary puis fusillés. À la fin de 1941, environ 40 000 Juifs y avaient été tués.

Les Juifs du ghetto 1 devaient travailler dans des usines ou sur des chantiers en dehors du ghetto. Certains furent envoyés dans des camps de travail autour de Vilno. Régulièrement, des opérations de massacres avaient lieu et la plupart des habitants étaient exterminés à Ponary. Entre le printemps 1942 et le printemps 1943, les tueries de masse furent interrompues, puis reprises lors de la liquidation du ghetto 1, du 23 au 29 septembre 1943. Les enfants, les personnes âgées et les malades étaient envoyés au centre de mise à mort de Sobibor ou fusillés à Ponary. Les survivants furent emmenés dans des camps de travaux forcés, les hommes en Estonie et les femmes en Lettonie.

LA RÉSISTANCE DANS LE GHETTO DE VILNO

Un important mouvement de résistance se développa dans le ghetto de Vilnius. L'Organisation des Partisans Unifiés (FPO, Fareynegte Partizaner Organizatsye) y fut créée en 1942. Elle organisa des cachettes pour entreposer des armes et se prépara à combattre. Début septembre 1943, réalisant que les Allemands allaient détruire le ghetto, la résistance attaqua les soldats qui y entraient pour commencer les déportations. Cependant, le Conseil juif, espérant minimiser les pertes, accepta de coopérer aux opérations. La FPO décida alors de fuir dans les forêts voisines pour continuer la lutte. Certains combattants réussirent à quitter le ghetto par les égouts et à rejoindre les partisans dans les forêts de Rudninkai et de Naroch.

En septembre 1943, voulant détruire toutes preuves des meurtres à Ponary, les Allemands forcèrent des détachements de travailleurs à ouvrir les charniers et brûler les corps, tandis qu'ils continuaient à tuer des Juifs des camps de travail voisins à Ponary.

Durant l'occupation allemande, des dizaines de milliers de Juifs de Vilno et de sa région, ainsi que des prisonniers de guerre soviétiques et autres personnes soupçonnées de s'opposer aux Allemands, furent massacrés à Ponary. Les forces soviétiques libérèrent Vilno en juillet 1944.