Les Justes parmi les Nations

Contexte

En 1953, la Knesset, le parlement israélien, adopta une loi désignant Yad Vashem comme la nouvelle Autorité chargée de la commémoration des martyrs et des héros du pays. Il s’agissait notamment de commémorer les six millions de Juifs tués par les Nazis et par leurs collaborateurs durant la Shoah, de rendre hommage aux résistants juifs et aux « non-Juifs qui avaient risqué leur vie pour sauver des Juifs ». Le titre de « Juste parmi les Nations » est tiré de la tradition juive (des écrits sur les Sages) dans sa description des non-Juifs qui ont aidé le peuple juif dans des temps difficiles.

L’allée des Justes, où des arbres sont plantés à la mémoire de tous ceux qui ont sauvé des Juifs, a été inaugurée en 1962 à l’occasion de la Journée du souvenir. L’année suivante, une commission présidée par l’un des membres de la Cour suprême d’Israël est mise en place pour définir les critères d’attribution du titre de Juste parmi les Nations. Le 1er février, le juge Moshe Landau en préside la première réunion.

Critères d’évaluation

Photographie

Le père Bruno avec les enfants juifs qu’il cacha aux Allemands. (Photographie)

Le père Bruno avec les enfants juifs qu’il cacha aux Allemands. Yad Vashem reconnut le père Bruno “Juste parmi les Nations.” Belgique, pendant la guerre.

Crédits:

• US Holocaust Memorial Museum

Yad Vashem énonce quatre qualités essentielles qu’un candidat doit posséder pour recevoir le titre de Juste parmi les Nations.

En premier lieu, la personne doit avoir participé activement au sauvetage de Juifs menacés de mort ou de déportation vers des camps de concentration ou des centres de mise à mort. Deuxièmement, elle doit avoir risqué sa propre vie ou sa propre liberté en tentant de sauver des Juifs. Troisièmement, le motif initial doit être d'avoir protégé et  sauvé les Juifs de la Shoah. D’autres motivations, non prises en compte pour l’éligibilité du candidat, pouvait être le bénéfice financier, la protection des Juifs pour les convertir au christianisme, l’enlèvement d’un enfant juif dans l’intention de l’adopter ou le sauvetage d’individus au cours d’activités de résistance qui n’étaient pas explicitement axées sur le sauvetage des Juifs. Enfin, un témoignage de première main des personnes sauvées doit être disponible pour attester le rôle de l’individu concerné lors des événements. S’il n’en existe aucun ou si aucun n’a été trouvé, une documentation irréfutable de la participation de l’intéressé au sauvetage et des circonstances de ce dernier est requise.

Si les efforts entrepris pour venir en aide des Juifs varient, Yad Vashem décrit quatre façons distinctes dont les Justes parmi les Nations ont porté secours à la communauté juive. La première consiste à cacher des Juifs dans la maison du sauveteur ou sur sa propriété, et à leur fournir nourriture et autres produits de première nécessité pendant leur clandestinité. Deuxièmement, l’obtention de faux papiers et de fausses identités pour les personnes sauvées. Le troisième type de sauveteur spécifié par Yad Vashem est quelqu’un qui a aidé les Juifs à s’échapper du territoire occupé par les Nazis ou à se rendre dans une zone moins dangereuse. Enfin, le sauvetage d'enfants dont les parents avaient été emmenés dans des camps de concentration ou tués.

Distinction

Les personnes nommées Justes parmi les Nations reçoivent une médaille portant leur nom ainsi qu’un certificat d’honneur. Leur nom est ajouté au mur d’honneur du Jardin des Justes à Yad Vashem. La loi stipule que Yad Vashem peut donner le titre de citoyen d’honneur aux Justes parmi les Nations. Ces distinctions sont remises aux sauveteurs en Israël ou dans leur pays de résidence par des représentants diplomatiques israéliens. On peut être reconnu Juste parmi les nations à titre posthume et, dans ce cas, ce sont les proches qui reçoivent la distinction. En mars 2025, Yad Vashem a décerné le titre à 28 646 personnes issues de 51 pays1Footnote 11.

Les Justes parmi les Nations sont composés d’individus d’origines diverses. Il y a des chrétiens de toutes les confessions, ainsi que des musulmans et des athées. Certains de ces Justes étaient des diplomates de haut rang qui ont utilisé leur position pour obtenir de faux papiers pour les Juifs, tandis que d’autres étaient des paysans qui cachaient des Juifs sur leur propriété.

Yad Vashem conserve une liste exhaustive des personnes et des groupes ayant reçu le titre de Juste parmi les Nations, ainsi que de plus amples informations sur cette distinction.