Sophie Weisz

Sophie grandit dans une riche famille juive près de la frontière hongroise. Son village était connu pour son industrie du vin et la fabrique de roues de calèches. De nombreux marchands juifs y vivaient. Son père possédait une scierie. Sophie adorait danser au son du piano que jouait sa sœur aînée Agnes dans le vaste salon de leur maison.

1933-39 : Le père de Sophie croyait en une patrie juive et envoyait de l'argent en Palestine pour y planter des arbres et établir des colonies. Quand Sophie eut 10 ans, elle commença l'école primaire à Oradea, près de son village où l'on ne trouvait que des écoles maternelles. Sa famille lui manquait beaucoup, mais elle travaillait dur, et elle aimait aller nager ou faire du patin à glace. En 1939, après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, on apprit que des rafles avaient lieu, mais les Weisz se sentaient en sécurité en Roumanie.

1940-44 : La Hongrie annexa la région où vivait Sophie en 1940 et, en 1941, s'était alliée aux forces allemandes. La famille dut déménager dans le ghetto d'Oradea en mai 1944, puis fut déportée à Auschwitz. En août, Sophie, sa mère et sa sœur furent déplacées à des centaines de kilomètres vers le nord sur la côte baltique, à Stutthof, pour participer aux travaux forcés. À Noël, on demanda aux prisonniers de divertir les soldats allemands. Sophie dansa alors pour eux sur la musique de Coppélia, dans un costume confectionné de gaze et de papier. Grâce au spectacle, elle reçut un peu plus de nourriture, qu'elle partagea avec Agnes.

Sophie et sa sœur s'échappèrent au cours d'une marche forcée en février 1945. Sa mère et son père périrent dans les camps. En février 1949, Sophie émigra aux États-Unis.