Les principales évacuations et marches de la mort, 1944-1945

A l'été 1944, une offensive massive de l'armée soviétique dans l'est de la Biélorussie orientale anéantit les forces allemande et permit aux forces soviétiques de prendre le contrôle du premier des grands camps de concentration nazis : Lublin/Majdanek. Peu de temps après cette offensive, le Reichsführer SS Heinrich Himmler donna l'ordre d'évacuer vers l'intérieur du Reich tous les prisonniers des camps de concentration et des camps satellites. En raison de la rapidité de l'avancée soviétique, la SS n'eut pas le temps de terminer l'évacuation de Majdanek. Les médias soviétiques et occidentaux diffusèrent largement les atrocités perpétrées dans le camp, utilisant à la fois des images de la libération et des interviews de quelques prisonniers survivants.

Les évacuations des camps de concentration avaient trois objectifs :

1) les autorités SS ne voulaient pas que les prisonniers tombent vivants aux mains des ennemis et qu'ils racontent leur histoire aux libérateurs alliés et soviétiques.
2) Les SS estimaient qu'ils avaient besoin des prisonniers pour maintenir, là où c'était possible, la production d'armements.
3) Certains chefs SS, dont Himmler, croyaient de façon irrationnelle que les prisonniers juifs des camps de concentration pouvaient être utilisés comme monnaie d'échange pour négocier une paix séparée à l'Ouest qui aurait permis la survie du régime nazi.

Durant l'été et les premiers mois de l'automne 1944, la plupart des évacuations se firent par train ou, dans le cas des positions allemandes isolées dans les pays baltes, par bateau. Alors que l'hiver approchait, cependant, et que les Alliés atteignaient les frontières allemandes et contrôlaient totalement le ciel allemand, les SS firent de plus en plus évacuer à pied les prisonniers des camps de concentration de l'est et de l'ouest.

Gerda Weissmann Klein décrit sa libération en Tchécoslovaquie par un soldat américain pendant les marches de la mort

En janvier 1945, le troisième Reich était au bord de la défaite militaire. La majeure partie de la Prusse orientale allemande était déjà occupée par les Soviétiques. Les forces soviétiques assiégèrent Varsovie en Pologne, Budapest en Hongrie et se préparaient à repousser les forces allemandes vers l'intérieur du Reich. Après l'échec de l'offensive surprise allemande dans les Ardennes en décembre 1944, les forces anglo-américaines à l'ouest étaient prêtes à entrer en Allemagne.

Les gardiens SS avaient reçu l'ordre strict de tuer les prisonniers qui ne pouvaient plus marcher ou se déplacer. Dans les conditions extrêmement dures de l'hiver 1944-45, les évacuations se firent de plus en plus par des marches forcées, dans des wagons à ciel ouvert ou, en Baltique, dans de petites embarcations et le nombre de morts par épuisement et hypothermie, le long des routes, augmenta considérablement. Cela suscita de la part des prisonniers la perception, compréhensible, que les Allemands voulaient les tuer tous par ces marches. Le terme "marche de la mort" fut probablement inventé par les prisonniers des camps de concentration.

Pendant ces marches de la mort, les gardes SS maltraitaient brutalement les prisonniers. Obéissant aux ordres, ils fusillèrent des centaines de prisonniers qui ne pouvaient pas suivre le rythme, qui s'effondraient ou qui ne pouvaient pas débarquer des bateaux ou des trains. Des milliers de prisonniers moururent d'hypothermie, d'inanition et d'épuisement. Les marches forcées furent particulièrement fréquentes à la fin 1944 et en 1945, alors que les SS évacuaient les prisonniers vers des camps situés plus à l'intérieur du territoire allemand. De grandes opérations d'évacuation transférèrent : au cours de l'hiver 1944-45, des prisonniers d'Auschwitz, de Stutthof et de Gross-Rosen vers l'ouest à Buchenwald, Flossenbürg, Dachau et Sachsenhausen ; au printemps 1945, de Buchenwald et Flossenbürg à Dachau et Mauthausen ; puis, durant les dernières semaines de la guerre, de Sachsenhausen et Neuengamme vers le nord en mer Baltique.

La défaite de l'Allemagne nazie, 1942-1945

Lors de leur avancée vers le cœur de l'Allemagne, les forces alliées libérèrent des centaines de milliers de prisonniers des camps de concentration. Des milliers d'entre eux furent libérés par les troupes alliées et soviétiques alors qu'ils étaient évacués lors de marches forcées. Le 25 avril 1945, l'armée soviétique fit sa liaison avec l'armée américaine à Torgau, sur l'Elbe, en Allemagne centrale. L'armée allemande se rendit sans condition sur le front de l'ouest le 7 mai, et sur celui de l'est le 9 mai 1945. Le 8 mai 1945 fut proclamé jour de la Victoire en Europe.

Presque jusqu'au dernier jour de la guerre, les autorités allemandes firent marcher des prisonniers vers différents endroits du Reich. Le 1er mai 1945, les prisonniers qui avaient été évacués de Neuengamme vers la côte de la mer du Nord, étaient encore embarqués sur des bateaux. Des centaines d'entre eux moururent quelques jours plus tard lorsque les Britannique bombardèrent les navires pensant qu'ils transportaient des militaires allemands.