Les meurtres de masse commis par l’Allemagne nazie furent d’une ampleur sans précédent. Avant et surtout pendant la Seconde Guerre mondiale, le régime perpétra la Shoah et d’autres atrocités de masse. Au lendemain de ces crimes, il s’avéra essentiel d’établir le nombre de victimes pour des raisons juridiques, historiques, éthiques et pédagogiques. 

Les statistiques ci-dessous ont été calculées à partir de multiples sources. Entre autres, des rapports et archives de l’Allemagne nazie ayant échappé à la destruction, des études démographiques menées avant et après la guerre, une documentation établie par des Juifs pendant et après la guerre, des dossiers constitués par des groupes clandestins et de résistance, et diverses sources d’archives disponibles. 

Ces statistiques sur le nombre de morts mettent au jour l’énormité de la Shoah et des autres crimes nazis. Elles constituent un point de départ pour se confronter au nombre incommensurable de vies détruites par l’Allemagne nazie.

Combien de Juifs périrent durant la Shoah ? 

Au total, ce sont six millions de femmes, d’hommes et d’enfants juifs qui furent tués par le régime de l’Allemagne nazie, ses alliés et ses collaborateurs, un génocide connu sous le nom de Shoah ou d’Holocauste et qui se fonde sur l’antisémitisme. Par antisémitisme, on entend la haine des Juifs ou les préjugés envers eux, soit l’un des piliers fondamentaux de l’idéologie nazie. Ces préjugés étaient par ailleurs très répandus dans toute l’Europe.

Au cours de la Shoah, les Nazis, leurs alliés et collaborateurs assassinèrent des Juifs à de nombreux endroits et à l’aide de diverses méthodes, les deux principales étant le gaz toxique et les exécutions de masse. D’autres actes de violence servirent le même objectif d’extermination ainsi que la privation délibérée de nourriture, d’un toit, de soins médicaux et de tout ce qui est nécessaire à la vie. 

Les statistiques ci-dessous indiquent le nombre de Juifs tués dans les centres de mise à mort (également appelés camps de la mort ou camps d’extermination), lors d’opérations d’exécution de masse et autres massacres, en tant que prisonniers dans des camps et des ghettos, et lors d’actes de violence hors des sites de détention.

Tableau 1. Répartition et explication de la façon dont six millions de Juifs furent tués durant la Shoah

Nombre de Juifs tués
(par site et par méthode)

Explication

Environ 2,7 millions de Juifs furent tués dans des centres de mise à mort.

Le régime de l’Allemagne nazie mit en place cinq centres de mise à mort conçus spécialement pour gazer des Juifs. Ces centres de mise à mort s’appelaient Chełmno, Belzec, Sobibor, Treblinka, et Auschwitz-Birkenau.


Voir le Tableau 2 pour un décompte par centres de mise à mort.

Environ 2 millions de Juifs furent tués lors d’opérations d’exécution de masse et autres types de massacres.

Les Allemands et leurs alliés et collaborateurs menèrent des opérations d’exécution de masse et perpétrèrent des massacres de Juifs dans plus de 1 500 villes et villages de l’Europe de l’Est occupée.

Entre 800 000 et 1 000 000 de Juifs furent tués dans les ghettos, les camps de travail et les camps de concentration.

Dans les ghettos, les camps de concentration et les camps de travail créés par les Allemands, leurs alliés et leurs collaborateurs, les Juifs mouraient des suites de privations délibérées, de maladies, de mauvais traitements et d’actes de violence arbitraire.

Au moins 250 000 Juifs furent tués dans d’autres actes de violence hors des camps et des ghettos.

Les Allemands, leurs alliés et leurs collaborateurs tuèrent des Juifs par le biais de privations et lors d’actes de violence commis hors de sites de détention (camps et ghettos), notamment : les Juifs tués lors d’émeutes antisémites, d’exécutions sommaires ou en tant que résistants. D’autres périrent pendant leur transport vers un site de détention ou entre différents sites (les marches forcées, les convois par train ou par bateau).

Il n’existe pas de document nazi unique comptabilisant à lui seul chaque mort de la Shoah. En revanche, on dispose de centaines de milliers de pages rédigées par les Nazis contenant ces informations. L’un des aspects les mieux documentés de la Shoah par les auteurs des crimes est notamment le transport des victimes vers les centres de mise à mort et leur gazage. Nous connaissons donc avec une certaine précision le nombre de personnes tuées dans chacun des cinq centres de mise à mort de la Shoah.

Le Tableau 2 présente la répartition des 2,7 millions de victimes juives tuées dans les cinq centres de mise à mort.

Tableau 2. Nombre de victimes juives tuées par les Nazis dans les centres de mise à mort

Centre de mise à mort

Nombre de victimes juives

Chełmno

Au moins 167 000

Belzec

Environ 435 000

Sobibor

Au moins 167 000

Treblinka II

Environ 925 000

Complexe concentrationnaire d’Auschwitz (dont les personnes gazées à leur arrivée au centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau et celles tuées par d’autres moyens dans le complexe de camps)

Environ 1 000 000

Sous-total

Environ 2,7 millions de Juifs tués dans des centres de mise à mort

Au total, ce sont 6 millions de Juifs qui périrent au cours de la Shoah. Ce chiffre a été calculé à partir de documents de l’Allemagne nazie et de données démographiques datant d’avant et après la guerre.

Combien de personnes non juives furent tuées par les Nazis et leurs alliés entre 1933 et 1945 ?

Les Nazis, leurs alliés et collaborateurs exterminèrent six millions de personnes juives dans un génocide appelé Shoah ou Holocauste. Ils tuèrent également des millions de personnes non juives entre 1933 et 1945. 

Le Tableau 3 présente une estimation du nombre de personnes non juives tuées par le régime de l’Allemagne nazie, ses alliés et ses collaborateurs pour des motifs biologiques, raciaux, politiques et/ou idéologiques.

Tableau 3. Nombre de personnes non juives tuées par l’Allemagne nazie, ses alliés et ses collaborateurs (par groupe)

Groupes non juifs persécutés par le régime de l’Allemagne nazie, ses alliés et ses collaborateurs

Nombre de victimes non juives

Prisonniers de guerre soviétiques

Environ 3,3 millions

Polonais non juifs (polonais ethniques)

Environ 1,8 million

Hommes, femmes et enfants roms (tsiganes) et autres personnes rassemblées sous le terme dénigrant de « Gitans »

Au moins 250 000, mais peut-être jusqu’à 500 000

Civils serbes tués par les autorités oustachies de l’État indépendant de Croatie

Plus de 310 000

Personnes handicapées vivant dans des institutions et centres de soins 

250 000 à 300 000 dont au moins 10 000 enfants

Opposants politiques et dissidents allemands

Plusieurs dizaines de milliers

Allemands emprisonnés dans des camps de concentration en tant que « récidivistes » et « asociaux »

Environ 35 000

Témoins de Jéhovah tués dans des camps de concentration ou exécutés pour avoir refusé de servir dans l’armée allemande

Environ 1 700

Hommes homosexuels, bisexuels et accusés d’être homosexuels

Des centaines, peut-être des milliers

Noirs en Allemagne

Nombre inconnu, peut-être des centaines

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands et leurs alliés dévastèrent tout le continent et leurs propres pays. En plus des victimes décomptées ci-dessus, des millions d’autres personnes perdirent la vie en Europe. Les Allemands et leurs alliés assassinèrent des civils innocents lors de massacres que leurs auteurs qualifiaient de mesures de représailles ou d’actions de pacification anti-partisanes.

De plus, des millions d’Européens et d’Américains, entre autres, furent blessés ou tués dans la lutte contre la tyrannie nazie. Soldats dans les armées alliées, membres de groupes de partisans et d’organisations de résistance subirent le même sort. La guerre coûta également la vie à des millions de soldats et de civils d’Allemagne et des puissances de l’Axe.

Documenter les crimes nazis

Lorsqu’il devint clair qu’ils allaient perdre la guerre, les Nazis tentèrent d’éliminer les preuves de leurs atrocités. Ils exhumèrent par exemple les corps de fosses communes pour les incinérer. Ils s’efforcèrent également de brûler ou de détruire les centaines de milliers d’archives qui documentaient leurs crimes.

Mais les meurtres de masse des Nazis avaient été si massifs et si dévastateurs qu’il leur fut impossible de maquiller complètement leurs crimes et d’en détruire toutes les preuves. Il devint évident que des millions de personnes étaient mortes et que des communautés entières avaient disparu. Malgré les efforts des Nazis, des documents et des témoins survécurent. Accumulés les uns aux autres, ils ont fourni la preuve irréfutable de la Shoah et des autres atrocités de masse commises. Les témoignages, les récits et la documentation nazie servirent de preuves lors des procès d’après-guerre. Ils posèrent également les fondements de l’écriture de l’histoire.

Les preuves de l'Holocauste - Photographie

Les nombreuses traces écrites laissées par l’Allemagne nazie constituèrent la base du dossier de l’accusation contre les chefs et organisations nazis au Tribunal militaire international de Nuremberg. Pendant les procès d’après-guerre, cette documentation contribua à prouver que des individus avaient commis des crimes précis. Par ailleurs, les témoignages donnés lors de ces procès aidèrent aussi à condamner les auteurs de crimes. 

Les survivants décrivirent leurs expériences dans des récits autobiographiques, des journaux, et des témoignages écrits et oraux. Dans certains cas, des témoignages écrits survécurent à la guerre, mais pas leurs auteurs. Ce sont cependant ces rescapés qui ouvrirent la voie dans la création d’archives, de monuments commémoratifs et de musées, notamment le United States Holocaust Memorial Museum.

Commémorer les victimes

Le United States Holocaust Memorial Museum documente les histoires et la vie des six millions de personnes juives exterminées au cours de la Shoah ainsi que l’expérience de millions d’autres tuées par l’Allemagne nazie, ses alliés et ses collaborateurs. 

Quant à ceux et celles dont les noms et les récits demeurent inconnus, établir avec précision le nombre des victimes de la Shoah et d’autres crimes nazis fait partie intégrante du devoir de mémoire.