Jenine était la plus jeune des deux filles d'une famille d'origine juive.Tous vivaient dans une petite ville à forte population juive au centre de la Moldavie. Son père, vétéran de la Première Guerre mondiale, était issu d'une famille nombreuse et Jenine avait plus de quinze oncles et tantes, qui vivaient tous à Bacau. Cette immense famille contribua à l'éducation de Jenine et de sa soeur Sofia pendant que leurs parents tenaient leur épicerie.
1933-39 : Comme tous les enfants de mon âge, je faisais partie d'une organisation nationale pour les jeunes que dirigeait le Prince Michel. Nous portions des uniformes spéciaux avec béret et ceinture de cuir et nous participions à des rassemblements patriotiques dans le stade. Mon père tomba malade ; son commerce en souffrit et il perdit son magasin et tout ce que nous possédions. En 1938, nous partîmes pour la capitale, Bucarest, où il avait trouvé un nouvel emploi dans une usine. J'entrais dans une nouvelle école.
1940-44 : Les fascistes de la Garde de Fer étaient à présent au pouvoir, mais mon patriotisme ne fit plus aucune différence. Comme j'étais juive, je fus exclue de l'école publique. Bien qu'établie avec des moyens de fortune, nos écoles juives disposaient d'excellents professeurs ; je choisis d'étudier la reliure. Après l'exclusion des Juifs des hôpitaux publics, une clinique juive fut ouverte à Bucarest. Je travaillais dans la caféteria. De nouvelles restrictions furent imposées. Il y eut des pogroms. Le gouvernement obligea ma famille à fournir vêtements et matériel de couchage à l'armée roumaine.
Jenine fut libérée par l'armée soviétique en août 1944. Elle continua à vivre en Roumanie jusqu'en 1976, où elle émigra avec sa famille aux Etats-Unis.
Voir le documentPaul était l'un des trois enfants d'une famille juive. Ils vivaient dans une petite ville à forte population juive du centre de la Moldavie. Le père de Paul, né en Ukraine, avait été en poste en Roumanie pendant la Première Guerre Mondiale et avait choisi d'y rester plutôt que de retourner en Ukraine après la Révolution Russe de 1917.
1933-39: Notre famille respectait les fêtes juives. J'adorais Pâques, ses repas bien particuliers et l'occasion qui nous était offerte de porter de nouveaux vêtements. A la radio, nous entendions parler des Nazis en Allemagne; dans notre pays, la Garde de Fer antisémite devenait de plus en plus populaire. Un matin de septembre 1939, j'ai vu les premiers signes de la guerre, pour la première fois : des soldats polonais en retraite erraient dans notre rue, affamés et assoiffés.
1940-44: La Garde de Fer fasciste était arrivée au pouvoir. J'ai été exclu de l'école publique parce que j'étais juif. Mes amis et moi avons refusé de rester passifs. Nous avions construit une radio et écoutions les programmes étrangers, c'était là notre premier acte de résistance. Nous avons aidé la résistance en faisant passer des informations à l'intérieur de pains de savon et en mettant du sable dans les réservoirs des tanks allemands. Nous coupions les fils électriques pour saboter la production de l'usine où je travaillais, contraint et forcé, à confectionner des uniformes pour l'armée allemande.
Soupçonné de sabotage, Paul fut arrêté et torturé par la police roumaine mais fut libéré juste avant que les troupes soviétiques n'envahissent la Roumanie en 1944. Il partit s'installer aux Etats-Unis en 1972.
Voir le documentMatvey Gredinger était le plus jeune des trois enfants d'une famille juive. Les Gredinger vivaient dans la ville de Vertujeni, située en Bessarabie, une région de Roumanie. Son père était boucher et préparait la viande, en particulier le poulet, qu'il vendait dans sa boutique casher. Marvey fréquentait une école juive où il étudiait l'histoire du peuple juif et l'hébreu.
1933-39 : Des histoires nous arrivaient d'autres villes à propos de groupes antisémites, en particulier la Ligue de Défense des Chrétiens Nationaux, qui persécutaient et quelquefois attaquaient les Juifs roumains. Mais seuls de petits groupes venaient dans notre ville. Après ma seconde année au collège, en 1934, je partis pour Bucarest, la capitale de la Roumanie, et trouvai un emploi dans une usine de textile. Ma famille s'installa alors à Vysoka.
1940-44 : Alors que je rendais visite à ma famille en 1940, les Soviétiques occupèrent la Bessarabie. En un an, les Allemands occupèrent la région. Un jour, les soldats roumains ont commencé à tuer les Juifs. Nous nous sommes barricadés dans notre maison mais les soldats y pénétrèrent de force. Je fus entraîné à l'extérieur et un soldat me tira dessus ; la balle me transperça le cou. Je tombais, inanimé mais vivant, gisant dans une mare de sang. Plus tard, les soldats utilisèrent une allumette pour vérifier que je respirais encore. Je feignis la mort. Ils m'ensevelirent sous des pierres et partirent. La nuit tombée, je me levais et courus à travers bois.
Matvey s'enfuit dans une ville voisine mais les Allemands y arrivèrent le lendemain. Il fut ensuite déporté dans un camp de travail forcé en Ukraine. En 1944, il fut libéré par l'Armée Rouge.
Voir le documentEva était l’un des trois enfants d’une famille juive habitant Vertujeni, une ville de Bessarabie juive à 90%. Eva fréquentait une école publique. Sa famille était pratiquante et allait à la synagogue chaque jour. Le père d’Eva gagnait sa vie comme boucher casher, préparant le poulet en respectant les règles culinaires de la religion juive.
1933-39 : En 1936, alors qu'Eva avait 15 ans, sa famille s’installa à Vysoka, où elle trouva plus tard un emploi de couturière. Vysoka était une ville très différente de celle qui l’avait vue naître. Il n’y avait qu’une quinzaine de familles juives à Vysoka et Eva pensait que les gens étaient moins tolérants envers les Juifs. Bien qu’il n’y eut aucune bagarre, la tension montait.
1940-44 : Eva se maria en 1940, année où l’U.R.S.S. annexa la Bessarabie. Son mari fut incorporé dans l’Armée Rouge un an plus tard, lorsque l’Allemagne attaqua l’U.R.S.S. Eva, enceinte, resta à Vysoka et fut déportée avec les Juifs de la ville par l’armée roumaine, alliée des Allemands. Les Juifs marchèrent pendant des jours sans eau ni nourriture. Un jour, dans une forêt, les soldats violèrent plusieurs filles. Dans le camp de transit de Vertujeni, Eva accoucha sur le sol, sans aide médicale. Une semaine plus tard, pendant une marche vers la Transnitrie, son bébé mourut.
Eva fut libérée en 1944 dans un camp de travail en Transnitrie. Après la guerre, elle retourna en Bessarabie où on lui apprit que son mari était porté disparu au combat.
Voir le documentKriesciatik, le village d'Edith, était situé à la frontière entre la Roumanie et la Pologne. Ses parents juifs possédaient une grande exploitation où ils élevaient du bétail et cultivaient de la betterave à sucre. Ils possédaient également une épicerie. Edith avait un frère, Jacob, et une soeur, Martha. A la maison, la famille parlait yiddish et allemand et Edith apprit le roumain à l'école.
1933-39 : Notre village était près d'une rivière et je passais mes journées d'été au bord de l'eau avec mes amis, à nager et à jouer. Ma mère nous confectionnait des tartines de pain et de beurre et nous donnait des cerises. De temps e, temps, j'allais dans la forêt avec mon meilleur ami, Fritzie, pour cueillir des fraises et des fleurs. A Pâques, mes parents veillaient à ce que nous restions à la maison car les paysans du coin se saoûlaient et attaquaient parfois les Juifs, leur reprochant d'avoir tué Jésus.
1940-44 : En 1940, un an après le début de la guerre, la Roumanie s'allia à l'Allemagne. J'avais neuf ans lorsque la police roumaine expulsa les Juifs de notre village et nous envoya, à pied, dans un endroit en Ukraine où les Juifs étaient rassemblés. Nous fûmes emmenés dans d'énormes baraquements qui contenaient des milliers de Juifs. Rien ne semblait organisé. Nous apprîmes que, chaque jour, mille Juifs étaient envoyés dans des ghettos d'Ukraine. Lorsque mon père entendit cela, il nous dit de gagner du temps jusqu'à ce qu'il puisse organiser notre fuite.
La famille d'Edith passa plus de huit ans cachée dans des familles juives d'un village ukrainien et survécut à la guerre. En 1959, Edith émigra aux Etats-Unis.
Voir le documentMax grandit dans une famille juive traditionnelle dans la ville de Radauti, en Roumanie. Radauti était un centre de commerce et de travail du bois proche de la frontière ukrainienne. Le père de Max était un membre influent de la communauté juive locale. Il faisait le commerce de grains, de fourrage et de bétail et fournissait des chevaux aux militaires roumains.
1933-39 : Mon poney, Lisa, était abrité dans nos écuries avec les autres chevaux. Le collège que je fréquentais était semi-privé ; il était dirigé par l'Etat mais chaque étudiant devait payer des droits d'inscription. Après l'école, j'étudiais l'hébreu avec un précepteur. En 1938, j'avais quinze ans, j'appris dans les journaux la façon dont les Juifs d'Allemagne perdaient leurs droits et leurs biens. Ma famille craignait que des mesures de ce type ne nous soient imposées en Roumanie.
1940-44 : En juin 1940, mon père fut jeté d'un train par des membres de la Garde de Fer, les fascistes roumains. Il mourut des suites de ses blessures six mois plus tard. Lorsque les Roumains déportèrent les Juifs de Radauti en octobre 1940, nous fûmes envoyés à l'Est dans un ghetto de Transnitrie. Nous vivions à seize dans une seule pièce. Nous nous connaissions tous. Je travaillais aux abattoirs. Lorsque nous jetions les eaux, les peaux et les organes, des centaines de gens affamés se regroupaient et se battaient pour les récupérer. Nous fûmes libérés par les Soviétiques en mars 1944 après trois ans de souffrances.
Après la guerre, Max repartit pour Radauti. En 1958, il partir pour Vienne puis émigra aux Etats-Unis en 1959.
Voir le documentErika naquit à Znojmo. La présence de la communauté juive dans cette ville tchèque située en Moravie remontait au XIIIème siècle. Le père d'Erika était un avocat respecté et un ardent sioniste. Il espérait bien immigrer avec sa famille en Palestine. En 1931, les Neuman s'installèrent à Stanesti, une ville située dans la province roumaine de Bucovine, où habitaient les grands-parents paternels d'Erika.
1933-39 : A Stanesti, Erika fréquentait l'école publique ainsi que l'école hébraïque que son père avait contribué à fonder. Elle adorait jouer avec sa sœur Béatrice et les autres enfants de la ville. Elle aimait aussi beaucoup rester aux côtés de son grand-père. Son enfance était pleine d'espoirs et de rêves. En 1937, les membres de la Garde de Fer, une organisation fasciste, tentèrent de démettre son père de ses fonctions d'officier civil à Stanesti. Finalement, le tribunal l'acquitta des charges fabriquées qui pesaient contre lui et il fut réintégré à son poste.
1940-45 : En 1940, l'Union Soviétique occupa Bucovine. Un an plus tard, la Roumanie rejoignit l'Allemagne nazie dans la guerre contre l'Union Soviétique, et les Soviétiques furent repoussés de Stanesti. Des groupuscules menèrent alors des attaques contre les Juifs de la ville. Pendant ces émeutes, Erika et sa famille s'enfuirent vers Czernowitz avec l'aide du chef de la police locale. A l'automne 1941, les Neuman furent contraints de s'installer dans le ghetto de Czernowitz. Les conditions de vie y étaient déplorables et les Juifs furent déportés en Transnitrie. En 1943, Erika et Béatrice s'évadèrent du ghetto grâce à de faux papiers que leur père leur avait obtenus.
Après s'être enfuies en Union Soviétique, Erika et Béatrice retournèrent en Tchécoslovaquie. Elles y retrouvèrent leurs parents. Erika épousa un officier de l'armée tchèque et eut deux enfants. Au bout de nombreuses années de lutte acharnée, et grâce aux appels que sa mère et sa soeur lancèrent au dirigeant soviétique Nikita Krouchtchev, elle obtint en 1960 l'autorisation d'immigrer aux Etats-Unis, trois ans après la mort de son mari. Erika y prit la direction d'un laboratoire d'analyses.
Voir le document
We would like to thank Crown Family Philanthropies, Abe and Ida Cooper Foundation, the Claims Conference, EVZ, and BMF for supporting the ongoing work to create content and resources for the Holocaust Encyclopedia. View the list of donor acknowledgement.