Qu’est-ce que le négationnisme ? 

Intérieur d’une chambre à gaz au camp de Majdanek.

L'Holocauste est l'un des événements les mieux documentés de l’histoire. Le « négationnisme » décrit les tentatives de nier les faits établis du génocide nazi à l’encontre des Juifs d'Europe. Les assertions les plus fréquentes prétendent que l’assassinat de six millions de Juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale n’a jamais eu lieu, que les nazis n’avaient aucune politique officielle ni aucune intention d’exterminer les Juifs, et que les chambres à gaz du centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau n’ont jamais existé.

Une tendance plus récente est la distorsion des faits de l'Holocauste. On prétend par exemple que le nombre de six millions de morts est une exagération, que les décès dans les camps de concentration ont été causés par la maladie ou la famine, et non par une politique, et que le journal d’Anne Frank est un faux.

Le négationnisme est généralement motivé par la haine des Juifs, et repose sur l’accusation que l’Holocauste a été inventé ou exagéré par les Juifs dans le cadre d’un complot pour promouvoir les intérêts juifs. Ce point de vue perpétue les vieux stéréotypes antisémites en accusant les Juifs de conspiration et de domination mondiale, accusations odieuses qui ont contribué à poser les bases de l’Holocauste.

Si la distorsion de l’Holocauste peut en effet être associée à l’antisémitisme, elle résulte parfois également d’un manque de respect ou de sensibilisation au sujet. Quelle qu’en soit la motivation, toutes les formes de distorsion ouvrent la voie à des variantes plus dangereuses de négationnisme et d’antisémitisme parce qu’elles jettent le doute sur la réalité de l’Holocauste.

La Constitution américaine garantit la liberté d’expression. C’est pourquoi, aux États-Unis, le négationnisme ou la tenue de propos haineux antisémites ne sont pas illégaux sauf en cas de menace de violence imminente. De nombreux autres pays, particulièrement en Europe où s’est déroulé l’Holocauste, disposent de lois punissant le négationnisme et les propos haineux.

Événements clés

La présente chronologie répertorie quelques événements clés dans l’évolution du négationnisme.

1942-44
Pour dissimuler les preuves qu'ils ont anéanti les Juifs d’Europe, les Allemands et leurs collaborateurs détruisent toute trace de charniers dans les centres de mise à mort de Belzec, Sobibor et Treblinka et sur des milliers de sites d’exécutions massives en Pologne sous occupation allemande, en Union soviétique sous occupation allemande, en Serbie, y compris à Babi Yar, lors d’une opération nommée Aktion 1005.

1943
Dans un discours à l’attention de généraux SS à Poznan, Heinrich Himmler, responsable (Reichsführer) des SS (Schutzstaffel escadrons de protection) du Reich, fait remarquer que le massacre des Juifs européens sera gardé secret et qu’aucune trace n’en sera gardée.

1955
Willis Carto fonde un groupe d’extrême droite influent basé à Washington D.C., qui prendra le nom de « Liberty Lobby ». Dirigé par Carto jusqu’à sa faillite en 2001, le groupe Liberty Lobby prône une nation américaine « de race pure » et rend les Juifs responsables des problèmes auxquels les États-Unis et le monde sont confrontés. Le Liberty Lobby commence à publier des écrits négationnistes en 1969.

1959
La publication antisémite de l’ecclésiastique américain Gerald L. K. Smith, Cross and the Flag (La croix et le drapeau), affirme qu’on n’a pas tué six millions de Juifs pendant l’Holocauste, mais que ceux-ci ont immigré aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale.

1964
Paul Rassinier, un communiste français qui a été interné par les nazis, publie Le Drame des Juifs européens, ouvrage dans lequel il affirme que les chambres à gaz sont l'invention d’une « institution sioniste ».

1966–67
L’historien américain Harry Elmer Barnes publie un article dans le périodique libertarien Rampart Journal, qui affirme que les Alliés ont amplifié les atrocités nazies pour justifier une guerre d’agression contre les puissances de l’Axe.

1969
Noontide Press, une filiale de Liberty Lobby, publie un ouvrage intitulé The myth of the six million (Le mythe des six millions).

1973
Austin J. App, professeur de littérature anglaise de LaSalle University à Philadelphie, publie un pamphlet : The Six Million Swindle: blackmailing the German people for hard Marks with fabricated corpses (L’escroquerie des six millions de morts : faire chanter le peuple allemand pour soutirer de l’argent sonnant et trébuchant grâce à de faux cadavres.) Ce pamphlet devient le fondement de futures revendications négationnistes.

1976
Arthur R. Butz, professeur d’ingénierie à la Northwestern University, publie The Hoax of the Twentieth Century: The Case Against the Presumed Extermination of European Jewry (La mystification du XXe siècle : le procès de l’extermination supposée des Juifs d’Europe). Butz est le premier négationniste à faire usage d’une rigueur académique de façade pour masquer ses mensonges. Northwestern répond en déclarant que les propos de Butz sont « embarrassants » pour l’université.

1977
Ernst Zündel, un citoyen allemand vivant au Canada, fonde Samisdat Publishers, qui édite des livres néonazis, dont des écrits négationnistes. En 1985, le gouvernement canadien poursuit Zündel pour publication d’informations qu’il sait être fausses.

1977
David Irving publie La guerre d’Hitler qui affirme qu’Hitler n’a jamais ni ordonné ni cautionné la politique nazie de génocide des Juifs d’Europe. Irving déforme les faits historiques et les méthodes scientifiques pour accorder une légitimité à sa thèse.

1978
William David McCalden (aussi connu sous le nom de Lewis Brandon) et Willis Carto fondent l’Institute for Historical Review (IHR, institut pour la révision historique) en Californie, qui édite des écrits et sponsorise des conférences négationnistes. L’IHR dissimule ses messages haineux et racistes sous le couvert d’investigations académiques fondées.

1980
L’IHR promet une récompense de 50 000 dollars à toute personne qui peut prouver que des Juifs ont été gazés à Auschwitz. Le survivant Mel Mermelstein soumet une déclaration sous serment de son internement à Auschwitz et intente un procès à l’IHR lorsque l’institut refuse de payer. En octobre 1981, le juge de la Cour supérieure Thomas T. Johnson utilise la « notification judiciaire », qui permet aux tribunaux de reconnaître comme faits établis des questions qui sont de notoriété publique, pour rendre une décision selon laquelle l’Holocauste est un fait établi et que des Juifs ont bien été gazés à Auschwitz.

1981
Un tribunal français condamne le professeur de littérature Robert Faurisson pour incitation à la haine et discrimination pour avoir appelé l’Holocauste un « mensonge historique ».

1984
Dans une affaire qui va faire jurisprudence, une cour canadienne reconnaît un enseignant de l’école publique, James Keegstra, coupable d’« incitation volontaire à la haine contre un groupe identifiable » pour avoir promu le négationnisme et d’autres vues antisémites dans ses cours de sciences sociales.

1985
Le Code pénal de l’Allemagne de l’Ouest est mis à jour pour inclure des dispositions interdisant l’incitation à la haine, y compris sous les formes associées à la négation de l’Holocauste. Le gouvernement allemand actualise et renforce à nouveau cette loi en 1992, 1994, 2002, 2005 et 2015.

1986
Le 8 juillet, le parlement israélien adopte un texte de loi qui punit le négationnisme.

1987
Bradley Smith, basé en Californie, crée le Comité pour un débat ouvert sur l’Holocauste. Au début des années 90, l’organisme publie des encarts publicitaires en pleine page ou des éditoriaux dans plus d’une douzaine de journaux d’universités américaines sous le titre « The Holocaust story: how much is false? The case for open debate » (L’histoire de l’Holocauste : quelle est la part de vérité ? Une affaire à débattre ouvertement). La campagne de Smith brouille la frontière entre incitation à la haine et liberté d’expression.

1987
Jean-Marie Le Pen, leader du parti d’extrême droite français Front national, suggère que les chambres à gaz n’ont été qu’un « détail » de la Seconde Guerre mondiale. Le Pen est candidat à la présidence de la France en 1988 et arrive en quatrième place.

Un mensonge dangereux : les Protocoles des Sages de Sion a ouvert au Gonda Education Center du

1987
L’écrivain suédois-marocain Ahmed Rami commence à s’exprimer sur les ondes de Radio Islam en Suède. La station de radio décrit l’Holocauste comme une revendication sioniste/juive. Plus tard, Radio Islam publie Les Protocoles des Sages de Sion, Mein Kampf et d’autres textes antisémites sur son site Internet.

1988
À la demande d’Ernst Zündel, Fred Leuchter (un spécialiste autoproclamé des méthodes d’exécution) se rend sur le site du centre de mise à mort d’Auschwitz. Il publie ensuite le Leuchter report: an engineering report on the alleged execution gas chambers at Auschwitz, Birkenau and Majdanek, Poland (Rapport Leuchter : rapport technique sur les prétendues exécutions dans des chambres à gaz à Auschwitz, Birkenau et Majdanek en Pologne) qui est cité par les négationnistes pour mettre en doute l’utilisation de chambres à gaz pour perpétrer le meurtre de masse.

1989
David Duke, un suprématiste blanc, obtient un siège à l’Assemblée législative de l’État de Louisiane. Duke vend des écrits négationnistes depuis son cabinet.

1990
Le gouvernement français promulgue la loi Gayssot qui stipule que la remise en question de l’ampleur ou de l’existence de crimes contre l’humanité (tels que définis dans la Charte de Londres de 1945) est punissable. Cette loi sert de stimulant à de nombreux autres pays européens qui adoptent des lois similaires dans les années 1990 et au début des années 2000.

1990
Au cours des poursuites pénales de l’État du Massachusetts contre Fred Leuchter, on découvre que celui-ci n’a en fait jamais obtenu de diplôme ou de licence en ingénierie. Leuchter admet qu’il n’a aucune formation en biologie, en toxicologie ou en chimie, disciplines ayant toutes une importance capitale dans les revendications en 1988 de son Leuchter report, rapport fréquemment cité pour étayer les thèses négationnistes.

1990
Une cour suédoise condamne Ahmed Rami à six mois de prison pour « discours haineux » et lui retire pour un an sa licence d’émission sur Radio Islam.

1991
La Société américaine d’histoire, la plus ancienne organisation d’historiens, publie une déclaration : « Aucun historien sérieux ne remet en question le fait que l’Holocauste ait eu lieu ».

1992
Le gouvernement autrichien modifie sa loi d’interdiction de 1947 pour criminaliser la négation et la banalisation de l’Holocauste.

1998
Le gouvernement de la Pologne adopte « La loi sur l’Institut de la Mémoire nationale — Commission pour la poursuite des crimes contre la nation polonaise » Il s’agit d’un texte législatif important qui prévoit la collecte de données sur les crimes commis en Pologne pendant l’occupation nazie et les années de régime communiste. Le texte comprend également des dispositions visant à combattre différentes formes de négation et de distorsion de l’histoire de l’Holocauste.

1999
Un tribunal régional d’Opole, en Pologne, établit qu’un professeur de la région, Dariusz Ratajczak, est coupable d’avoir auto-publié des écrits négationnistes.

2000
Quarante-six gouvernements affirment et acceptent la formulation de la Déclaration du Forum international de Stockholm sur l’Holocauste (lien externe). Connue également sous le nom de « Déclaration de Stockholm », elle constitue un engagement à assurer la permanence de la recherche, de l’éducation et de la mémoire de l’Holocauste, et à « défendre la terrible vérité de l’Holocauste contre ceux qui la nient ».

2000
Une cour britannique déclare David Irving un « négationniste actif ». Irving a intenté un procès à l’historienne d’Emory University Deborah Lipstadt pour diffamation suite à la publication en 1993 de son livre Denying the Holocaust : the growing assault on truth and memory (La négation de l’Holocauste : l’attaque grandissante contre la vérité et la mémoire).

2002
Le Centre Zayed pour la coordination et le suivi, un groupe de réflexion de la Ligue des États arabes basé aux Émirats arabes unis, organise un colloque sur le « sémitisme » au cours duquel l’Holocauste est qualifié de « fable mensongère ». Le gouvernement des Émirats arabes unis ferme le Centre Zayed en août 2003 suite à des pressions extérieures concernant les publications et conférences antiaméricaines et antisémites du Centre.

2002
La Roumanie adopte une ordonnance d’urgence criminalisant le négationnisme en réponse à un mouvement croissant de réhabilitation publique du général Ion Antonescu, un dictateur profasciste qui a supervisé la mort de 280 000 Juifs et 11 000 Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale.

2002
En vertu de la réglementation sur les discours haineux, les tribunaux suédois condamnent le néo‑nazi Fredrik Sandberg à six mois de prison pour avoir réédité le pamphlet de l’époque du Troisième Reich, La question juive.

2003
Dans l’affaire Garaudy jugée en France, la Cour européenne des droits de l’homme conclut que Roger Garaudy s'est livré à des formes de négationnisme qui ne sont pas protégées par la Convention européenne des droits de l’homme.

2003
Wolfgang Frölich est arrêté à Vienne et condamné à trois ans de prison suite à la publication en 2001 d’un livre intitulé Die Gaskammaer Luege (Le mensonge des chambres à gaz). Il est libéré au bout d’un an. Dans les années qui suivent, Frölich est à nouveau arrêté et voit sa peine prolongée à plusieurs reprises pour avoir continué à nier l’existence de l’Holocauste, notamment en 2015 pour avoir écrit au chancelier autrichien en affirmant que l’Holocauste n’avait pas pu avoir lieu.

2003
Le gouvernement roumain crée une commission internationale sur l’Holocauste en Roumanie, dirigée par Elie Wiesel. Elle est composée de 30 historiens roumains et étrangers. L’objectif de la commission est d’examiner l’histoire de l’Holocauste en Roumanie afin d’identifier les faits qui ont eu lieu et de diffuser les résultats des recherches dans le pays et à l’étranger. L’organisation de la commission fait suite aux déclarations publiques faites au début de l’année 2003 par le président de l’époque, Ion Iliescu, qui a minimisé l’Holocauste en Roumanie, et par l’ancien ministre de l’information, Vasile Dincu, qui y a nié l’Holocauste.

2005
Le gouvernement autrichien arrête David Irving pour négationnisme. Il est condamné à trois ans de prison en 2006, mais libéré en décembre de la même année à condition qu’il quitte l’Autriche.

2005
Le gouvernement du Canada déporte Ernst Zündel en Allemagne pour qu’il y soit jugé pour négationnisme. En 2007, les tribunaux allemands condamnent Zündel pour 14 chefs d’accusation liés au négationnisme, pour lesquels il reçoit une peine de cinq ans de prison.

2005
Dans un discours diffusé en direct à la télévision le 14 décembre, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad qualifie l’Holocauste de « mythe ».

2005
Le magazine japonais Marco Polo publie un article de l’auteur indépendant Masanori Nishioka intitulé « Il n’y avait pas de chambres à gaz nazies » Dans cet article, Nishioka affirme que l’Holocauste n’a jamais eu lieu et que les chambres à gaz d’Auschwitz ont été créées par le gouvernement communiste polonais après la guerre.

2006
Le gouvernement iranien soutient un rassemblement de négationnistes à Téhéran déguisé en conférence académique appelée « Révision de l’Holocauste : vision globale. » La même année, Farid Mortazavi, directeur artistique du journal iranien Hamshahri, annonce un concours de dessins de presse sur l’Holocauste. Des prix en or et en espèces sont promis en récompense aux gagnants. Près de 1 200 dessins sont proposés, depuis plus de 60 pays, y compris des caricatures niant ou minimisant l’Holocauste. Plus tard dans l’année, l’Institut artistique et culturel Saba de Téhéran ouvre une exposition, parrainée par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, d’une sélection de 200 dessins du concours.

2007
Le 26 janvier, les Nations Unies adoptent une résolution condamnant le négationnisme. L’Assemblée générale déclare que le négationnisme « revient à approuver le génocide sous toutes ses formes ».

2008
L’Union européenne adopte une décision-cadre concernant la lutte contre le racisme et la xénophobie (2008/913/JAI), qui appelle notamment les États membres de l’UE à faire en sorte que le négationnisme soit puni par la loi.

2009
L’évêque catholique d’origine anglaise Richard Williamson nie l’existence des chambres à gaz et minimise l’ampleur des massacres pendant l’Holocauste. Le Vatican ordonne à Williamson d’abjurer ses déclarations. Il s’y refuse et le Vatican l'excommunie de l’Église.

2009
David Duke, l’ancien chef du Ku Klux Klan, est arrêté par les autorités tchèques pour négationnisme et incitation à la haine. Il avait été invité à parler à l’Université Charles par le groupe Národní odpor (Résistance nationale). Le gouvernement tchèque ordonne à Duke de quitter le pays le lendemain. Le bureau du procureur général de Prague a par la suite classé l’affaire en raison du manque de preuves.

2010
Bradley Smith publie sa première publicité négationniste en ligne sur le site web Badger Herald de l’université du Wisconsin en février. Internet, en raison de sa facilité d’accès et de diffusion, de son apparent anonymat et de l’impression d’autorité produite, constitue à présent le principal canal de diffusion du négationnisme.

2010
La cour d’appel néerlandaise inflige une amende de 2 500 € à la Ligue arabe européenne (AEL) pour avoir publié sur son site web, en 2006, une caricature suggérant que l’Holocauste était inventé ou exagéré par des Juifs. Selon l’AEL, l’organisation a publié cette caricature pour mettre en évidence le fait qu’il y a deux poids deux mesures en matière de liberté d’expression, après qu’un journal danois eut publié une caricature du prophète Mahomet. Le tribunal impose également une période de probation de deux ans à l’AEL.

2010
La Lituanie met à jour son code pénal pour y inclure une loi contre la négation et la banalisation grossière des crimes nazis et des crimes perpétrés par les Soviétiques en Lituanie.

2010
En vertu de la loi sur le négationnisme récemment adoptée, les autorités lituaniennes enquêtent sur le magazine lituanien Veidas pour avoir publié un article qui qualifiait les procès de Nuremberg de « plus grande farce juridique de l’histoire » L'instruction se termine début 2011, après que les enquêteurs locaux ont déclaré que l’auteur n’avait pas l’intention de nier l’Holocauste.

2011
Le vice-président du parti égyptien Wafd déclare au Washington Times dans une interview que les attaques terroristes du 11 septembre, l’Holocauste et le journal d’Anne Frank sont tous des fabrications historiques. « L’Holocauste est un mensonge », déclare Ahmed Ezz El-Arab. Il poursuit : « Les Juifs sous occupation allemande étaient au nombre de 2,4 millions. S’ils ont tous été exterminés, d’où viennent les 3,6 millions restants ? »

2012
Nikolaos Michaloliakos, le chef du parti d’extrême droite grec Aube dorée, nie l’existence de chambres à gaz dans les camps de concentration nazis pendant l’Holocauste. « Il n’y avait pas de fours, pas de chambres à gaz, c’est un mensonge », déclare-t-il lors d’une interview diffusée à la télévision.

2012
Le responsable religieux saoudien Salman al-Odeh déclare à Rotana Khalijiya TV que « l’Holocauste a une base historique. De nombreuses histoires à son sujet sont documentées et fondées. Le problème réside, tout d’abord, dans l’exagération de l’Holocauste. Il a été transformé en un mythe aux proportions gigantesques [...] Pendant des milliers d’années, les Juifs ont fait l’objet de persécutions, de déportations, de meurtres et d’accusations. Peut-être qu’une grande partie de cela provenait de leurs valeurs morales, de leur nature traîtresse, de leurs stratagèmes et de leurs ruses, qui ont conduit les autres nations à se méfier d’eux. »

2012
Corneliu Vadim Tudor, membre roumain du Parlement européen et leader du parti nationaliste Grande Roumanie, nie l’Holocauste dans le talk-show « Romania a la Raport » Tudor déclare : « En Roumanie, il n’y a jamais eu d’Holocauste [...] Je le nierai jusqu’à ma mort parce que j’aime mon peuple. »

2013
Lors de la Journée du souvenir de la Shoah, Fathi Shihab-Eddim, un assistant du président égyptien Mohammed Morsi, affirme que les 6 millions de Juifs tués par les nazis ont en fait déménagé aux États-Unis. Il déclare que « Les agences de renseignement américaines, en coopération avec leurs homologues des nations alliées pendant la Seconde Guerre mondiale, ont créé [l'Holocauste] pour détruire l’image de leurs opposants en Allemagne, et pour justifier la guerre et les destructions massives contre les installations militaires et civiles des puissances de l’Axe, et surtout pour frapper Hiroshima et Nagasaki avec la bombe atomique .»

2013
Gyorgy Nagy devient le premier Hongrois à être condamné pour négationnisme. Lors d’une manifestation en 2011 à Budapest, Nagy a porté une pancarte sur laquelle on pouvait lire en hébreu : « L’Holocauste n’a jamais eu lieu ». La Cour le condamne à 18 mois de prison et de mise à l’épreuve. Une partie de sa peine consiste également à visiter soit le musée commémoratif de l’Holocauste à Budapest, soit Auschwitz, soit Yad Vashem.

2013
Les pays de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, alors au nombre de 31, adoptent une « définition de travail de la négation et de la distorsion de l’Holocauste », qui décrit certaines des façons dont la négation et la distorsion se présentent. Depuis 2013, plusieurs pays ont adopté la définition au niveau national pour guider leur approche de ce problème.

2014
Udo Voigt, l’ancien chef du Parti national-démocrate allemand (NDP) est nommé à la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen. Alors qu’il était le chef du NPD, qui adopte des vues néo-nazies, Voigt avait fait l’éloge d’Adolf Hitler et affirmé que bien moins de six millions de Juifs avaient été assassinés lors de l’Holocauste. Il a été condamné pour « incitation de la population à la haine ».

2014
Dans son discours officiel du Novruz 2014, l’ayatollah iranien Ali Khamenei déclare : « L’Holocauste est un événement dont la réalité est incertaine, et s’il s’est produit, la manière dont il s’est produit est incertaine. »

2014
La Fédération de Russie met à jour son code pénal pour y inclure des dispositions qui criminalisent certaines formes de négationnisme et la diffusion de « fausses données sur les activités de l’URSS pendant la Seconde Guerre mondiale »

2015
Deux organisations culturelles iraniennes parrainées par le gouvernement, l’Owj Media & Art Institute et le Sarcheshmeh Cultural Complex, annoncent un deuxième concours de dessins de presse sur l’Holocauste, espérant recevoir des contributions de dessinateurs de dizaines de pays.

2015
Un tribunal allemand déclare Ursula Haverbeck coupable de sédition après sa lettre au maire de Detmold, déclarant qu’il était « clairement reconnaissable » qu’Auschwitz n’était rien de plus qu’un camp de travail. Elle a envoyé son message alors que le tribunal de Detmold jugeait Reinhold Hanning, un ancien garde du camp d’Auschwitz. En 2014, elle avait été jugée pour avoir déclaré que l’Holocauste était « le plus grand et le plus long mensonge de l’histoire ».

2015
La Roumanie complète sa loi contre la négation de l’Holocauste pour y inclure des formes de déformation et de négation qui concernent la postérité et les images associées à la Garde de fer roumaine.

2015
Le gouvernement hongrois finance la construction d’une statue en l’honneur de Balint Homan, un fonctionnaire du gouvernement hongrois qui avait soutenu des politiques antisémites et adopté des positions antisémites pendant les années de guerre et d’Holocauste. Fin 2015, de hauts fonctionnaires hongrois déclarent que le projet ne devrait pas aller de l’avant en raison de l’héritage historique négatif de Homan.

2015
Le gouvernement ukrainien adopte plusieurs lois dites de décommunisation. Bien qu'elles proscrivent l’utilisation de symboles communistes et nazis, certaines dispositions interdisent également de critiquer certains héros nationaux de la résistance antisoviétique, y compris des personnes ayant collaboré avec les nazis et s’étant rendues coupables de crimes contre les Juifs et les Polonais ethniques pendant les années de l’Holocauste.

2016
À l’occasion de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste, le Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, publie une vidéo intitulée « Holocauste : la fin de l’âge des ténèbres ? », qui contient ses commentaires de 2014 remettant en question le massacre de six millions de Juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

2016
Une exposition présentant 150 caricatures de l’Holocauste de la 11e Biennale internationale de la caricature de Téhéran s’ouvre à Téhéran dans la section artistique de l’Organisation de la propagande islamique. Deux semaines plus tard, une cérémonie de remise des prix est organisée pour les gagnants du concours de dessins sur l’Holocauste. Majid Mollanoroozi, directeur du Musée d’art contemporain de Téhéran et chef de la section des arts graphiques du ministère de la Culture et de l’orientation islamique, participe à la cérémonie de remise des prix. Ceux-ci se seraient élevés à 50 000 dollars.

2016
Le cabinet polonais approuve un projet de loi imposant des peines de prison à toute personne condamnée pour avoir qualifié de « polonais » les camps de la mort gérés par l’Allemagne nazie dans la Pologne occupée. Prétendre que les Polonais ont collaboré avec les nazis pour exterminer les Juifs serait également considéré comme un délit.

2016
L’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste adopte sa « Définition de travail non juridiquement contraignante de l’antisémitisme » Cette définition comprend des explications indiquant en quoi la négation de l’Holocauste est une forme d’antisémitisme. Depuis 2016, plus de 20 pays ont adopté cette définition pour l’utiliser au niveau national.

2018
En janvier, le gouvernement polonais modifie sa loi sur l’Institut de la mémoire nationale afin d’y inclure les allégations qui « contrairement aux faits » attribuent à « la nation polonaise ou à l’État polonais la responsabilité ou la coresponsabilité » des crimes nazis. L’amendement original rend ces actes criminels, mais en juin, le gouvernement modifie la loi pour en faire des délits civils.

2018
Le maire de Rome ordonne que les rues de la ville ne portent plus le nom de fascistes italiens ou de citoyens italiens qui étaient des fascistes connus.

2020
Le gouvernement allemand alloue un financement spécial pour la création d’un groupe de travail mondial contre le déni et la distorsion de l’Holocauste.